L’étonnante découverte de Miroslav Radman

La bactérie qui déjoue la mort

Publié le 06/06/2011
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IL Y A DES BACTÉRIES qui tuent, et d’autres qui, au contraire, promettent l’immortalité. C’est semble-t-il le cas de Deinococcus radiodurans, encore appelée « bactérie du corned-beef », sur laquelle travaille avec acharnement le généticien Miroslav Radman. L’histoire de ce chercheur émérite vient de faire la une de l’hebdomadaire « Le Point », sous le titre accrocheur : « L’homme qui promet l’immortalité… ou presque ». Une histoire qui débute en 1956 avec la découverte - par d’autres - de cette étonnante bactérie capable de résister au traitement par rayon gamma infligé aux conserves de viande. L’indestructible germe aurait ainsi montré sa capacité à survivre à des irradiations 10 000 fois supérieures à la dose mortelle chez l’homme ! C’est la compréhension des mécanismes moléculaires de cette résistance qui a donné à Miroslav Radman l’idée d’abandonner un temps le cœur de ses recherches (la réparation de l’ADN) pour décrypter le secret de cette immortalité bactérienne. Et le croate dit avoir trouvé. Comment cette bactérie indestructible ressort-elle vivante même des pires tortures ? « En s’autoréparant grâce à un jeu de deux copies de son génome », résume le chercheur. Nous n’entrerons pas dans le détail de ce mécanisme, mais sachez que cette astucieuse réparation - petit bricolage moléculaire qui combine les pièces de plusieurs puzzles incomplets - est permise grâce à l’existence de « protéines mécanos » capables, elles-mêmes, de résister à la rouille moléculaire. Autrement dit, pourvues d’une protection antioxydante à toute épreuve. Une fois qu’il aura identifié ces pièges antiradicaux, le généticien promet de tester très rapidement ce nouvel élixir de jouvence chez la souris… Puis d’essayer chez l’homme le remède contre le vieillissement. Un Graal que la recherche médicale rêve un jour de goûter. Mais, à en croire la communauté scientifique, sceptique devant tant de simplicité, il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2842