Orthosomnie

Insomnie paradoxale

Publié le 20/08/2018

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C'est une histoire comme il en existe sans doute des centaines d'autres. Celle de Mme B., 27 ans, reçue en consultation dans un service de médecine du sommeil. Elle se plaint de difficultés d'endormissement et d'un temps de sommeil trop court. Son syndrome des jambes sans repos (SJSR) y est sans doute pour quelque chose. Les médecins commencent donc par lui prescrire de la gabapentine.

Deux mois plus tard, les jambes ont retrouvé leur tranquillité, mais pas la patiente, qui dit ne pas avoir retrouvé le sommeil. Les spécialistes traquent alors l'apnée du sommeil. Résultat négatif. Ils conseillent alors la restriction de sommeil (6 heures seulement, de 1 heure à 7 heures de matin), mais la patiente dit ne pas en ressentir les effets bénéfiques… De guerre lasse, les médecins prescrivent un polysomnogramme à l'insomniaque, à l'issue duquel ils doivent annoncer à leur patiente que son test est parfaitement normal, et son sommeil de même. « Alors pourquoi mon Fitbit dit-il que je dors mal ? », s'insurge la jeune femme. Une réaction qui permet enfin aux médecins de révéler le pot aux roses et d'annoncer un diagnostic : « Madame, vous soufrez d'orthosomnie. »

Selon une nouvelle étude publiée par le « Journal of Clinical Sleep Medecine », de plus en plus de personnes tombent dans « une quête perfectionniste du sommeil idéal afin d'optimiser la fonction diurne » et développent de mauvaises habitudes. Dans les cas les plus extrêmes, les chercheurs estiment que les addicts du contrôle du sommeil souffrent d’orthosomnie. Il s'agit souvent d'utilisateurs réguliers de Sleep Cycle, Sleep Better, iSommeil ou encore HoliSleepCompanion, ces applications qui proposent d'analyser les cycles de sommeil et de surveiller la qualité de celui-ci, tout en réveillant de façon intelligente, au meilleur moment. Problème, les personnes habituées à suivre leur sommeil peuvent développer une forme d'anxiété menant à l'apparition de réels troubles du sommeil pouvant aller jusqu'à l'insomnie. Si elles n'améliorent pas les nuits, ces applications aux performances très contestées, auraient donc au contraire un effet sur le sommeil… paradoxal.