« LA PROCRÉATION médicalement assistée a de beaux jours devant elle », déclare le Pr René Frydman, célèbre pour avoir fait partie de l’équipe médicale qui a permis la naissance, en 1982, du premier bébé-éprouvette. Si, dans les années 1970, les Françaises avaient leur premier enfant à l’âge de 24 ans, la moyenne s’établit désormais à 29 ans. La fertilité des femmes n’étant pas extensible, la période d’enfantement est de plus en plus comprise entre 30 et 40 ans. Mieux vaut donc ne pas découvrir trop tard son infertilité, au risque de voir baisser ses chances de réussite avec un traitement adéquat. À noter que la Sécurité sociale prend en charge jusqu’à quatre tentatives de procréation médicalement assistée (PMA) jusqu’à l’âge de 43 ans. « Cela ne veut pas dire qu’une femme de 44 ans ne peut pas réussir une fécondation in vitro, mais c’est un choix de ne plus payer pour une intervention qui a peu de chances de réussir (1 ou 2 %). C’est ensuite aux professionnels de santé de prendre en compte son histoire et de savoir dire stop ou d’accord », ajoute le Pr Frydman. Car sur ce point, la loi française dit simplement que la PMA peut être pratiquée durant l’âge naturel de la procréation.
Explorer l’infertilité.
Le taux de fertilité dit normal d’un couple est de 25 %. « On parle d’infertilité après deux ans d’exposition au risque de grossesse sans succès. Attention néanmoins à bien prendre en compte l’âge de la patiente. À 25 ans, on peut la rassurer, à 37 ans, mieux vaut ne pas lui faire perdre du temps et, donc, des chances d’avoir un enfant », explique le Dr Vanessa Gallot, gynécologue obstétricienne. L’exploration des causes de l’infertilité se fait sur la base d’un interrogatoire poussé et d’examens cliniques. Un bilan d’infertilité est alors établi. Il est aussi recommandé en cas de fausses couches à répétition. « L’homme est impliqué dans 60 % des infertilités », précise le Dr Gallot. Contrairement aux idées reçues, « la pilule ne rend pas infertile et est moins délétère que la pilule du lendemain dont l’efficacité est moindre ».
Une fois les causes de l’infertilité clairement déterminées, ce sont principalement deux méthodes d’assistance médicale à la procréation (AMP) qui sont envisageables : la stimulation ovarienne et la fécondation in vitro (FIV). La première méthode n’est possible que si les trompes sont perméables, le spermogramme est normal et le nombre de spermatozoïdes lors d’un éjaculat est supérieur à 5 millions. « Cette technique est indolore et plus légère, contrairement à la FIV qui demande au moins trois mois de préparation », relève le Dr Frédéric Lamazou, également gynécologue obstétricien à l’hôpital Béclère. Il rappelle, par ailleurs, que la prescription de Clomid doit être obligatoirement corrélée à un monitorage échographique ; le pharmacien ne doit pas hésiter à le rappeler à sa patiente.
Consentement libre et éclairé.
Autre point important : l’information délivrée aux patients. « Nous devons être très clairs et honnêtes, parler des différents traitements dans leur détail, des difficultés et des chances de réussite. Comme dans toute pathologie, les patients adhèrent s’ils savent où ils vont. Il faut aussi se répéter car il s’agit d’une population très anxieuse, avec un fort nomadisme de la recherche d’informations », affirme le Dr Lamazou. Une recherche efficace sur Internet permet de s’informer, mais le risque reste élevé de trouver tout est son contraire avec cet outil, en particulier sur les forums, nouvelles bêtes noires des médecins. Le service du Pr Frydman tente d’y remédier en offrant un maximum de renseignements, notamment par le biais de séances d’information. « Quoi que nous fassions, il reste toujours un déficit d’informations car les questions et angoisses arrivent à toute heure du jour et de la nuit et nous ne sommes pas toujours là pour répondre. Il faut aussi faire face à nos propres incertitudes, on ne sait pas tout », souligne le Pr Frydman. À ce titre, il indique qu’il n’existe pas une seule et même méthode mais des règles communes à prendre en compte en termes de suivi et de monitorage.
Enfin, comme l’indique le Dr Lætitia Hesters, pharmacienne biologiste au service d’histologie embryologie cytologie de l’hôpital Béclère, « en France, l’AMP doit répondre à un projet parental impliquant un couple hétérosexuel, marié ou capable de fournir une preuve de vie commune d’au moins deux ans, vivant au moment de la PMA et en âge de procréer ». Il devra signer, à plusieurs reprises, un consentement libre et éclairé.
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