Les vaccins contre le Covid-19, efficaces, sûrs et mis au point en un temps record, font usage de technologies qui ont d'abord été testées sur le VIH. Mais pourquoi n'ont-elles pas fonctionné contre le sida jusqu'à présent ?
Le cas du VIH semble plus complexe. Déjà, on observe que « le système immunitaire humain ne se guérit pas de lui-même contre le VIH, alors qu'il peut assez bien se guérir du Covid-19 », explique Larry Corey, chercheur au HIV vaccine trials network (HVTN), une organisation finançant le développement de vaccins contre le VIH dans le monde.
Ensuite, les vaccins contre le Covid-19 fonctionnent en provoquant la fabrication d'anticorps qui s'attachent à la protéine spike du virus et l'empêchent d'infecter les cellules humaines. Le VIH présente aussi des protéines de type spike, mais « alors qu'on ne connaît que quelques dizaines de variants bien identifiés au Covid-19, le VIH affiche des centaines, voire des milliers de variants chez chaque personne infectée », précise William Schief, immunologue au Scripps Research Institute.
État de la recherche
Les tentatives visant à développer un vaccin contre le VIH ont pour l'instant été infructueuses. Le seul candidat vaccin ayant jamais apporté une protection contre le virus a été jugé l'an dernier trop peu efficace lors d'un essai clinique baptisé Uhambo, mené en Afrique du Sud.
Un candidat vaccin de Johnson & Johnson est, quant à lui, actuellement testé dans deux essais cliniques : auprès de 2 600 femmes d'Afrique subsaharienne, ainsi que chez 3 800 hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes ou personnes transgenres, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe. Il s'agit d'un vaccin à adénovirus qui a été modifié pour transporter dans l'organisme des informations génétiques permettant de combattre le virus, en produisant des molécules capables de susciter une réponse immunitaire face à un large spectre de souches VIH. Les rappels de ce vaccin comprennent ensuite directement des protéines de synthèse.
D'autres pistes de recherche sont à l'étude. Notamment, une approche consiste à générer des anticorps neutralisants à large spectre, qui s'accrochent à des zones que les nombreux variants du VIH ont en commun. Un candidat vaccin (de l'International AIDS Vaccine Initiative et du Scripps Research Institute) a montré qu'il stimulait la production de cellules immunitaires qui fabriquent justement ce type d'anticorps. Les chercheurs espèrent pouvoir passer à l'étape suivante du développement de ce vaccin grâce à la technologie de l'ARN messager, en partenariat avec Moderna.
Ce vaccin vise, via plusieurs doses, à éduquer petit à petit les lymphocytes B à produire ces anticorps. Les chercheurs espèrent aussi former d'autres lymphocytes, les T, à éliminer les cellules qui auraient été malgré tout infectées. Mais ce candidat vaccin est encore loin de pouvoir prétendre à un essai clinique en bonne et due forme.
Avec l'AFP.
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