Les scientifiques montrent ici dans une cohorte britannique de plus de 700 professionnels de santé vaccinés comment Omicron contourne en partie la protection vaccinale, comment l'empreinte laissée par une infection antérieure à un autre variant est un désavantage pour le neutraliser et comment l'infection Omicron ne confère pas (ou peu) de réponse protectrice contre lui-même.
Une infection Omicron ne vaut pas pour rappel
On pensait que l'infection à Omicron pouvait presque « être bénéfique, comme une sorte de rappel naturel, explique Rosemary Boyton, co-autrice de l'étude. Ce que nous avons découvert, c'est qu'il stimule mal l'immunité contre lui-même, voire pas du tout dans certains cas. Ceci, ainsi que le déclin immunitaire après la vaccination, peut expliquer l'augmentation massive que nous constatons à nouveau dans les infections, beaucoup de personnes étant réinfectées à de courts intervalles. »
Dans l'étude britannique, les chercheurs montrent également comment Omicron bat en brèche l'assertion selon laquelle une immunité hybride infection-vaccination offrirait une meilleure protection. Les professionnels vaccinés et qui avaient déjà eu le Covid, avec la souche ancestrale de Wuhan ou le variant Alpha, se défendaient moins bien contre Omicron que ceux qui étaient seulement vaccinés
Un phénomène que les auteurs appellent « l'atténuation de l'immunité hybride » (« hybrid-immune-dampening »), due à une empreinte antigénique délétère laissée par une infection antérieure. Une infection passée à la souche ancestrale de Wuhan « abroge la reconnaissance par les cellules T et toute immunité neutralisante croisée améliorée vis-à-vis d'Omicron ».
Une infection Omicron ne protège pas contre lui-même
Qui plus est, l'étude montre aussi que chez des professionnels de santé non vaccinés, une infection par Omicron booste la réponse contre les premiers variants… mais pas contre Omicron lui-même. « Cette immunogénicité relativement faible contre lui-même pourrait expliquer pourquoi les réinfections fréquentes à Omicron avec des intervalles de temps courts entre les infections sont un trait caractéristique de cette vague », écrivent les auteurs. Une infection par Omicron serait un coup d'épée dans l'eau sur le plan de l'immunité.
« On est face à des variants hautement contagieux, qui sont un peu des agents furtifs passant en dessous les défenses immunitaires ; c'est une vraie complexité de la bande d'Omicron », souligne le Pr Gilles Pialoux, chef de service à l'hôpital Tenon (AP-HP).
Intérêt de la vaccination contre les formes sévères
Heureusement, les vaccins restent efficaces contre les formes sévères de la maladie, ce qui justifie de hausser le niveau de protection des plus fragiles. Et c'est la priorité de la plupart des pays européens qui recommandent une deuxième dose de rappel pour les personnes immunodéprimées et les sujets âgés.
« Actuellement, le niveau d'immunité de la population est bon mais pas parfait, a souligné au « JDD » le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. C'est pour cela qu'il faut recommander un deuxième rappel aux plus de 60 ans et aux personnes fragiles, dont le système et la réponse immunitaire sont moins robustes. »
Par ailleurs, les auteurs britanniques écrivent que leurs résultats convergent avec l'observation que la vaccination par ARNm ciblée uniquement sur Omicron « n'offre pas d'avantage protecteur ». Un avis que partage le Pr Fischer : « Les vaccins en développement qui ciblent le seul variant Omicron ne seront pas la meilleure stratégie, a-t-il abondé lors d'un point presse sur la vaccination. Nous misons surtout sur les vaccins bivalents, comme ceux qui ciblent à la fois la souche historique de Wuhan et Omicron. J'espère que nous en disposerons à l'automne. »
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle