Ces travaux datent de juillet 2021, avant l'apparition des premiers cas autochtones d'infection par la variole du singe hors Afrique. À cette époque, les NIH ont procédé à 31 prélèvements dans un domicile occupé par un patient texan qui avait contracté le virus lors d'un voyage en Afrique de l'Ouest, et qui avait dû être hospitalisé. Avant cet épisode, aucun cas n'avait été détecté en dehors de l'Afrique depuis 2003.
La salle de bains, un lieu peu contaminant
Les chercheurs ont procédé aux prélèvements, 15 jours après que le patient eut quitté un appartement qu'il avait occupé pendant 4 jours avant de se rendre à l'hôpital, victime d'un rash très purulent. Du virus cultivable - donc potentiellement capable d'infecter - a été retrouvé dans sept échantillons : trois dans la chambre, trois dans le salon et un sur une serviette usagée retrouvée dans un placard. Les auteurs font remarquer qu'aucun des sept échantillons collectés dans la salle de bains n'était porteur de virus viable. « Il est probable qu'il ait été inactivé par un désinfectant ou du savon », avancent-ils.
Il y avait 10 échantillons prélevés sur des surfaces poreuses (vêtements, linge de maison, canapés, papier toilette) et 21 sur non poreuses (plastique, métal, tasse à café, etc.). La probabilité de retrouver des virus identifiés par PCR était la même pour ces deux catégories de surface, de l'ordre de 90 %.
Toutefois, les virus prélevés avaient plus de chance d'être viables s'ils provenaient d'une surface poreuse (60 %) que s'ils provenaient d'une surface non poreuse (5 %). Les quantités d'ADN viral étaient en outre plus importantes sur les matériaux poreux. Ces données confirment que les surfaces poreuses sont plus susceptibles d'héberger longtemps du virus infectieux de Monkeypox que les surfaces lisses.
Un virus résistant à la dessiccation
La transmission du virus de la variole du singe par contact cutané avec les lésions, les fluides corporels ou par l'inhalation de gouttelettes respiratoires est déjà bien documentée. En revanche il existe peu de descriptions de cas de transmission indirecte de la maladie par le contact avec des surfaces contaminées. Des données sur les virus présents dans les lésions montrent qu'ils sont plus résistants à la dessiccation que les autres virus enveloppés comme ceux de la grippe ou de la varicelle.
Cette caractéristique a conduit les chercheurs à s'interroger sur sa persistance dans l'environnement. Des études sur le virus de la variole avaient en outre révélé que s'il est maintenu dans un environnement pauvre en humidité et protégé des rayonnements UV, comme un appartement, peut rester viable pendant des mois, voire des années.
En 2018, il a été rapporté le cas d'un professionnel de santé infecté en manipulant les draps d'un patient. Concernant le potentiel réel d'infectiosité des virus retrouvés dans l'appartement investigué par les NIH, les auteurs rappellent qu'il n'existe que peu de données sur la dose de virus nécessaire sur un support donné pour provoquer une infection secondaire. « Néanmoins, des études menées chez l'animal permettent une première estimation : 3,2x102 PFU/mL (1) serait le seuil le plus bas à atteindre pour craindre une contagiosité. En dessous de ce seuil, le système immunitaire inné serait potentiellement assez fort pour éliminer les quelques virus qui passeraient du support au patient », estiment les chercheurs. Or, un seul des échantillons se situait au-dessus de cette limite.
(1) PFU/Ml : il s'agit du nombre de plaques visibles sur une boîte de Petri par unité de volume de solution contenant le virus ou la bactérie que l’on tente de cultiver.
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