Pour améliorer la prévention de la transmission postnatale du VIH, un consortium composé de chercheurs de Zambie, du Burkina Faso, de Norvège et de l’Inserm (Université de Montpellier) ont réalisé entre décembre 2019 et septembre 2021 un essai contrôlé randomisé, ouvert et de phase 3 dans huit établissements de santé (quatre en Zambie et quatre au Burkina Faso). 1 526 mères séropositives et leurs enfants (âgés de 6 à 8 semaines) non séropositifs nourris au sein ont été incluses dans l’étude, et réparties entre deux groupes : 753 dans un groupe « intervention » et 753 dans un groupe « contrôle ».
Dans le groupe « intervention » , les nourrissons dont la charge virale de la mère était de 1 000 copies/ml ou plus ont suivi une prophylaxie par lamivudine en sirop deux fois par jour pendant 12 mois ou 1 mois après l'arrêt de l'allaitement. Le groupe « contrôle » suivait les programmes locaux de prévention de la transmission postnatale, dérivés des recommandations de l’OMS. Ces derniers reposent sur une prophylaxie infantile de 6 à 12 semaines dès la naissance, en utilisant soit la névirapine (au Burkina Faso), soit une trithérapie antirétrovirale (en Zambie), arrêtée lorsque la charge virale de la mère était inférieure à 1 000 copies/ml, avec mesure tous les 3 mois.
Une stratégie combinant les outils existants
Selon les résultats de l’étude, promue par l’ANRS-MIE et publiée dans « The Lancet » le 11 mars 2024, à la fin du suivi des enfants à 12 mois, un seul nourrisson du groupe « intervention » était infecté par le VIH, contre six dans le groupe contrôle, soit un taux de transmission de 0,19 % dans le groupe « intervention » et de 1,16 % dans le groupe « contrôle ».
Par ailleurs, la durée moyenne de risque élevé de transmission (défini par une charge virale maternelle supérieure à 1 000 copies/ml et l’absence de prophylaxie infantile) était 10 fois plus faible au sein du groupe « intervention » que dans le groupe « contrôle ». Toutefois, tempèrent les chercheurs, cette différence importante de l’incidence du VIH n’est pas statistiquement significative, « en raison de la fermeture de certains sites d’étude pendant l’épidémie de Covid-19, qui n’a pas permis d’inclure autant de nourrissons qu’initialement prévu ».
Néanmoins, pour les auteurs de l’étude, « ces résultats suggèrent fortement que la transmission du VIH par l’allaitement peut être réduite quasiment à zéro par une stratégie combinant les outils existants, incluant le dépistage chez le nourrisson et le contrôle de la charge virale chez la mère, ainsi qu’une prophylaxie infantile prolongée chez les mères avec un traitement antirétroviral non efficace ».
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