L'hydroxychloroquine n'a pas apporté la preuve de son efficacité dans le traitement de l'infection Covid, notamment dans l'essai britannique Recovery. Mais est-elle utile pour la prophylaxie en pré-exposition au SARS-CoV-2 ? Un essai randomisé américain (1) mené en double aveugle versus placebo chez 132 professionnels de santé répond par la négative.
Administrée à la dose de 600 mg par jour, la molécule n'a pas diminué l'incidence de l'infection au nouveau coronavirus par rapport au placebo durant une période de huit semaines. L'essai baptisé PATCH (acronyme de Prevention and treatment of Covid-19 with hydroxychloroquine), qui prévoyait d'enrôler 200 participants au total, a été arrêté prématurément, au vu de l'absence d'effet constaté.
L'étude menée entre début avril et mi-juillet avec un suivi jusqu’à début août a inclus 132 professionnels de santé à temps plein dans deux hôpitaux : médecins, infirmier(e)s, aide-soignant(e)s, et kinésithérapeutes.
Aucune différence significative
Au total, parmi les 125 patients retenus dans l'analyse, l'équipe dirigée par Ravi Amaravadi n'a observé aucune différence significative de cas d'infection dans le groupe hydroxychloroquine (n = 4/64, 6,3 %) par rapport au placebo (n = 4/61, 6,6 %). Si des effets secondaires légers étaient plus fréquents dans le groupe hydroxychloroquine (45 % versus 26 %), le taux d'arrêt était le même dans les deux groupes. Le changement médian du QTc n'était pas différent dans les deux groupes. Sur les huit participants positifs au SARS-CoV-2, six ont présenté des symptômes viraux, aucun n'a été hospitalisé et tous ont récupéré.
Si deux méta analyses récentes en prépublication semblent indiquer un effet de l'hydroxychloroquine en prévention, les résultats de PATCH sont concordants avec le seul autre essai mené en prophylaxie, mais là en post-exposition. Chez 821 sujets asymptomatiques, l'équipe de Boulware (2) n'avait pas montré l'utilité d'un traitement de cinq jours d'hydroxychloroquine entrepris jusqu'à quatre jours après une exposition. L'absence d'effet observé aurait pu s'expliquer par les limites de cette première étude, notamment l'administration parfois tardive de la molécule et le manque de clarté sur la notion d'exposition, mais l'hydroxychloroquine n'a pas fait mieux dans l'essai PATCH censé corriger ces défauts.
(1) B Abella et al. JAMA Intern Med, 2020. doi:10.1001/jamainternmed.2020.6319(2) DR Boulware et al. N Engl J Med, 2020, doi:10.1056/NEJMoa2016638
Du 23 au 31 décembre
Menace d’une nouvelle fermeture des laboratoires d’analyses médicales
Addictions
La consommation de drogues et d’alcool en baisse chez les jeunes
Crise sanitaire : le malaise des préparateurs
3 questions à…
Christelle Degrelle