« La probabilité de survenue en France d'épidémies de maladies émergentes transmises par les moustiques (dengue, chikungunya, Zika) est très forte dans les cinq années à venir et nous devons nous y préparer prévient le Pr Christophe Rapp infectiologue, hôpital Américain de Paris. En 2004 un premier cas a été découvert à Menton et en 2024 ce sont 78 départements métropolitains sur 96 qui sont concernés. » Les projections suggèrent environ 8,4 milliards des personnes dans le monde qui risquent de contracter ces maladies d'ici à 2 100. Parmi les facteurs expliquant cette propagation rapide : la mondialisation des échanges de personnes et de marchandises, l'urbanisation, la déforestation, le dérèglement climatique, la résistance des virus aux insecticides, leur adaptation à un climat tempéré, un engagement politique insuffisant. « Les maladies vectorielles dues au moustique tigre représentent un quart des maladies infectieuses et les cas importés font le lit des cas autochtones détaille l'infectiologue. En France la situation est très hétérogène, les profils épidémiologiques varient selon les territoires (à bas bruit ou sous forme de flambées) et il faut agir au cas par cas. »
Un diagnostic parfois difficile
La dengue est l'arbovirose la plus connue et elle est potentiellement mortelle, le tropisme du chikungunya est articulaire, très douloureux et handicapant (l'homme courbé) et le Zika est à transmission sexuelle, tératogène, mais exceptionnellement létal. Leur diagnostic est parfois difficile et, actuellement, il n'existe aucun outil de diagnostic rapide ni de traitement curatif, ni de vaccin disponible dans l'immédiat. Ce sont des maladies à déclaration obligatoire afin d'identifier rapidement les cas et procéder à une démoustication du périmètre infesté.
Les ARS jouent un rôle stratégique majeur pour circonscrire les épidémies et gérer les cas importés et autochtones
La lutte antivectorielle exige une collaboration et une coordination sans faille entre les acteurs institutionnels, la communauté scientifique et l'industrie de la santé, mais aussi une implication collective de des Français dont les comportements manquent de vigilance (Lire encadré). « Dans les territoires ultramarins, se prémunir du moustique tigre est devenu un réflexe dès le plus jeune âge. Les citoyens sont sensibilisés aux bonnes pratiques et moyens de prévention et les collectivités mettent en œuvre des actions de lutte contre les gîtes larvaires et de démoustication », explique Jean-Claude Maës président de l'ACC'DOM (Association des communes et collectivités d'outre-mer). Les ARS jouent un rôle stratégique majeur pour circonscrire les épidémies et gérer les cas importés et autochtones, de par leurs missions de veille sanitaire et de réaction aux situations de crise épidémiques. En revanche une formation spécifique des acteurs de santé est indispensable pour participer à la détection précoce des cas et améliorer la réactivité en cas d'épidémie. Nicolas Arvis, directeur général de Valneva France, insiste sur « l'importance de renforcer les protocoles de coopération entre les professionnels de santé en ville (médecins, pharmaciens infirmiers) pour mener des actions communes d'information et de prévention auprès du grand public, et sur la nécessité de mettre à leur disposition des outils pédagogiques et des méthodes prophylactiques et thérapeutiques. »
Investir dans la mise au point de test de diagnostic rapide et anticiper la mise à disposition de vaccins pour les personnes les plus vulnérables sont deux stratégies clés contre la propagation des épidémies futures.
Connaissances et comportements des Français
48 % et 50 % des participants disent connaître précisément et respectivement la dengue et le chikungunya contre 22 % pour le Zika.
Seulement 60 % citent les régions les plus touchées par le chikungunya et 86 % associent sa propagation au changement climatique.
61 % estiment le risque d'attraper une maladie émergente plus important qu'il y a 10 ans surtout dans les régions touchées (88 %) mais ils ne sont que 33 % à évoquer ce risque en France métropolitaine.
Seul 1 Français sur 2 rechercherait des informations sur les vaccins recommandés (non obligatoires) avant de partir dans des destinations à risque des maladies vectorielles émergentes, loin derrière les conditions d'entrée sur le territoire (69 %) ou encore la météo et le climat (61 %) mais 56 % se disent prêts à se faire vacciner dès qu'un vaccin sera possible.
D'après une conférence de presse de Valneva
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