On savait déjà que la PrEP à la demande - c’est-à-dire la prise de Truvada ou génériques (emtricitabine/ ténofovir disoproxil) au moment des rapports sexuels - était une stratégie thérapeutique efficace en prévention du VIH chez les personnes à haut risque de contracter la maladie, comme les homosexuels masculins. Aujourd’hui, l’étude Prévenir (menée par l’ANRS en partenariat avec Aides), confirme son efficacité et sa tolérance en vie réelle, après trois ans d’utilisation.
Deux options
Rappelons que la PrEP peut être prise de deux façons : en continu (un comprimé tous les jours) ou à la demande (au moment des rapports). Cette prise à la demande n’est pas conseillée en cas de rapport vaginal réceptif, car son efficacité dans ce cas pourrait être insuffisante d’après le niveau de connaissance actuel. La PrEP à la demande est donc essentiellement utilisée chez les homosexuels masculins. Le schéma de prise est un peu plus complexe et nécessite de pouvoir anticiper au moins deux heures à l’avance le premier rapport sous PrEP. Il consiste en 3 prises d’emtricitabine/ ténofovir disoproxil (2 cp + 1 cp + 1 cp). La première prise sera de 2 comprimés à prendre en même temps, entre 2 heures et 24 heures avant le premier rapport sexuel. La 2e prise est à prendre environ 24 heures (à plus ou moins deux heures près) après la première prise. Et la 3e prise est à prendre environ 24 heures (+ /- 2 heures) après la seconde prise.
L’étude en détail
Démarrée en mai 2017, l’étude Prévenir a suivi 3 067 participants en Île-de-France, avec un âge moyen de 36 ans. Presque la totalité d’entre eux (98,5 %) était des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et 56 % utilisaient déjà la PrEP avant l’entrée dans l’étude. Près de la moitié des participants (49,5 %) a choisi de prendre la PrEP à la demande, tandis que l’autre prenait la PrEP de façon continue (un comprimé tous les jours).
Après un suivi moyen de 22 mois, l’incidence du VIH dans la cohorte n’était que de 1,1 pour 1 000 participants par année, que ce soit dans le groupe « à la demande » ou dans le groupe « continu ». Cela correspond à 361 infections par le VIH évitées en se rapportant à l’incidence de 6,6 % observée dans le bras placebo de l’essai Ipergay.
Seulement six participants ont été infectés par le VIH au cours de l’étude et tous avaient interrompu la PrEP avant l’infection et avaient continué à avoir des rapports sans préservatif. Ils ont tous reçu une trithérapie dans un délai de moyen de 7 jours. Parmi eux, un seul cas de résistance à l’emtricitabine a été détecté, ce participant ayant repris la PrEP avant de vérifier l’absence d’infection par le VIH.
La tolérance de la PrEP dans l’étude, qu’elle soit à la demande ou en continu, était très satisfaisante. Aucun patient n’a dû interrompre la PrEP pour une toxicité rénale. Seulement trois personnes ont dû l’interrompre pour des problèmes digestifs (nausées ou diarrhées), qui représentent les effets indésirables les plus fréquents.
« La PrEP à la demande, comme la PrEP en continu, représente donc, chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes, une option très efficace de prévention de l’infection par le VIH », conclut le Pr Jean-Michel Molina, investigateur principal de l’étude.
Rappelons que l’AMM du Truvada et de ses génériques n’évoque pas aujourd’hui le schéma de prise à la demande. Les patients se font prescrire la PrEP selon le schéma de prise continue, et sont ensuite libres de la prendre « à la demande », selon les indications et les conseils du médecin.
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