Si elle n'était pas déjà ancienne, l'idée mériterait un Nobel. Le concept d'immunité collective comme remède à la pandémie offre en effet de multiples avantages : plus besoin ni de traitement, ni de vaccin, exit les confinements et autres mesures barrières ! Son principe ? Attendre qu'une certaine proportion de la population soit touchée pour que l'épidémie s'arrête d'elle-même, faute de victimes à frapper. Aussi séduisante soit-elle, la stratégie montre aujourd'hui ses limites. Et après des mois de pandémie, « on est très, très loin du compte », note auprès de l'AFP Frédéric Altare, spécialiste de l'immunité à l'INSERM. En la personne de son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) l'a d'ailleurs clairement exprimé : « Jamais, dans l'histoire de la santé publique, l'immunité collective n'a été utilisée comme stratégie pour répondre à une épidémie, et encore moins à une pandémie. C'est scientifiquement et éthiquement problématique. »
C'est « une erreur » confirmaient jeudi dernier 80 scientifiques dans une lettre ouverte publiée par la revue médicale The Lancet. « Une transmission incontrôlée chez les plus jeunes ferait courir des risques importants en termes de santé et de mortalité à l'ensemble de la population », relèvent-ils. Sans compter qu'on ne sait pas combien de temps dure l'immunité contre le Covid et que des cas de réinfections, quoique très rares, ont été rapportés. « Les réinfections nous montrent que nous ne pouvons pas nous appuyer sur l'immunité acquise par l'infection naturelle pour atteindre une immunité de groupe », écrit ainsi la Pr Akiko Iwasaki, spécialiste de l'immunité à l'université de Yale (États-Unis).
La Suède, qui avait tenté le pari de l'immunité collective, semble désormais rattrapée par la pandémie. La mortalité liée au Covid y est parmi les 15 plus élevées au monde. Pour atteindre le rêve de l'immunité collective, un vaccin sûr et efficace ne reste-t-il pas le meilleur viatique ?
Avec l'AFP
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Christelle Degrelle