Pour mener leur analyse, les chercheurs ont scruté l’évolution dans le temps de 53 symptômes du Covid long, documentés tous les 60 jours, via la plateforme ComPaRe. Les participants avaient tous au moins un symptôme ayant persisté 2 mois et ont pu rejoindre la cohorte à n’importe quel moment de leur maladie. À partir de ces données, les chercheurs ont été capables de distinguer « trois schémas » d'évolution des symptômes, donnant « un aperçu des étiologies et des mécanismes sous-jacents à cette maladie », expliquent-ils.
Une prévalence en baisse pour une majorité des symptômes
Pour une première partie des symptômes (27/53), dont la perte de goût ou d'odorat, la toux ou la diarrhée, la prévalence est apparue décroissante. Dans le cas de la toux, elle est passée de 50 à 20 % des participants au cours des 6 premiers mois avant « d'atteindre un plateau ». Même tendance pour l’agueusie, dont la prévalence est passée de 40 % des patients après 2 mois à environ 20 % à 12 mois après le début de la maladie. « Cette évolution, indiquant une guérison de la phase aiguë, est plus lente que prévu », soulignent les auteurs, rappelant que le seuil déterminant un Covid long s’établit généralement à 12 semaines.
Pour un deuxième groupe de symptômes (18/53), comprenant la fatigue, la prévalence n’a pas évolué dans le temps. Ces symptômes persistants « peuvent être causés par des mécanismes qui ne changent pas rapidement avec le temps, tels que le déconditionnement ou le trouble de stress post-traumatique, ou être dus à un mélange de guérison d'une maladie aiguë et de symptômes d'apparition tardive apparaissant comme une conséquence du Covid-19 », avancent les auteurs.
Les symptômes d'apparition tardive encore peu étudiés
Enfin, pour un troisième groupe de symptômes (8/53), la prévalence augmentait avec le temps, « signant l’apparition de nouvelles manifestations de la maladie », estime le communiqué. La prévalence de la perte de cheveux, par exemple, a augmenté de 8 % des participants après 2 mois à 15 % après un an. « L'apparition tardive des symptômes, en particulier l'alopécie, a été rapportée dans d'autres études et devrait être étudiée plus avant », insistent les auteurs.
L’étude permet néanmoins d’identifier les symptômes liés aux séquelles de la maladie aiguë (qui diminuent au cours du temps) et ceux liées à d’autres mécanismes, « que ceux-ci soient immunologiques, psychosomatiques, ou encore inexpliqués », est-il souligné.
Un impact accru après 6 mois
Les chercheurs relèvent également l’impact de la maladie sur la vie personnelle, professionnelle et sociale des participants, alors que 60 % d’entre eux le jugent « très important » un an après le début des symptômes. La perception « a changé de manière similaire au fil du temps dans tous les sous-groupes, avec une aggravation 6 mois après le début » ajoutent les auteurs. Selon eux, ce phénomène, plus marqué chez les plus jeunes participants, pourrait correspondre à « la prise de conscience des patients que cette maladie nouvelle et jusque-là inconnue est chronique plutôt qu'aiguë ».
Pour compléter ce premier éclairage sur la physiopathologie de la maladie, les chercheurs, qui tentent d’identifier des marqueurs biologiques et cliniques de l’évolution des patients, lancent un appel à participer à la cohorte ComPaRe à l’ensemble des patients souffrant de Covid long (que l’infection soit confirmée ou non).
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