Premiers cas d’infection du chien et du chat par le variant « anglais »
Intrigués par une flambée de cas de myocardites entre décembre 2020 et février 2021 chez des chiens et des chats n’ayant jamais eu de problèmes cardiaques, des vétérinaires basés dans la banlieue de Londres ont fait un parallèle avec la flambée de Covid-19 liée au variant anglais. La plupart des propriétaires de ces animaux avaient développé le Covid-19 dans les 3 à 6 semaines précédant la maladie de leur animal. Onze animaux ont donc été testés par écouvillonnage nasopharyngé et rectal, en ciblant le SARS-CoV-2 ainsi que les 3 variants spécifiques. Au total 6 animaux ont présenté des résultats positifs pour le variant anglais sur les prélèvements rectaux (uniquement).
Il semble donc que les animaux de compagnie puissent être infectés par le variant anglais du SARS-CoV-2, avec des signes cardiaques atypiques mais prononcés ressemblant à la myocardite associée au syndrome inflammatoire multisystémique, complication du Covid-19 chez l’homme. Tous les animaux sauf un ont guéri de leurs symptômes après des soins intensifs.
Passage des variants aux souris de laboratoire
L’apparition des trois variants, présentant des mutations au sein de la protéine Spike, a engendré de fortes inquiétudes quant à leur possibilité de résister à la protection vaccinale ou liée à l’immunité acquise naturellement. Si le SARS-CoV-2 d’origine peut infecter les rongeurs de laboratoire, il ne peut s’y répliquer en raison du peu de liaison de sa protéine Spike avec les récepteurs des rongeurs. Toutefois l’infection de souris par les variants sud-africain et brésilien (qui présentent de nombreuses mutations de Spike) a mis en évidence une forte capacité de réplication au bout de 48 heures (contrairement au variant anglais qui ne se réplique que peu). Malgré cette réplication aucun animal infecté n’a développé de symptômes.
Cette capacité de réplication des variants sud-africain et brésilien chez la souris étend ainsi la gamme d’hôtes de ce virus. Si cela peut permettre de faciliter les études in vivo de ces variants chez la souris (pour évaluer les vaccins ou les traitements), cela soulève aussi la question du risque que les rongeurs puissent être un réservoir de ces variants, d’autant qu’ils ne semblent pas présenter de symptômes.
Un risque qui reste à évaluer
Ces premiers cas de contamination animale par les variants hautement contagieux du SARS-CoV-2 appellent à mieux surveiller les infections animales et à renforcer les tests en cas de suspicion d’infection pour établir plus précisément les risques. Même si seuls quelques cas de transmission de l’homme à l’animal de compagnie ont été recensés jusqu’à aujourd’hui, et que les cas de transmission de l’animal à l’homme restent exceptionnels (visons d’élevage ayant infecté l’homme au Danemark par exemple) le rôle potentiel des animaux de compagnie dans l’épidémie à SARS-CoV-2, en particulier liée aux variants, reste à évaluer tout comme le rôle potentiel des rongeurs en tant que réservoir viral.
*https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.03.18.435945v1
https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.03.18.436013v1
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