L’hépatite C dispose depuis fin 2013 de traitements hyper efficaces : les antiviraux à action directe (AAD), dont la prescription a été étendue, en mai 2019, aux généralistes pour les cas les plus simples (sans co-infection VHB/VIH, ni comorbidités). En effet, pour ces patients, le généraliste peur initier un traitement par Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir) à la posologie d’1 comprimé par jour pendant 12 semaines ou Maviret (glécaprévir + pibrentasvir) à la posologie de 3 comprimés une fois par jour pendant 8 semaines. Pour les autres patients, il adressera à un spécialiste.
Mais les généralistes ne semblent pas avoir joué le jeu, comme le révèle un article du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 24 septembre. En effet, sur les 22 353 adultes ayant reçu une primoprescription d’AAD en France entre mai 2019 et décembre 2022, seulement 4,9 % (soit 1 101 patients) l’ont reçu d’un généraliste, contre 21,5 % d’un spécialiste en libéral et 73,6 % d’un médecin hospitalier. Le pourcentage de primoprescription par le généraliste varie selon les régions, de 2,7 % dans les Pays de la Loire à 8,3 % dans le Grand Est.
Des patients demandeurs
« La primoprescription des AAD en médecine générale demeure très minoritaire en France hexagonale, avec des différences marquées selon les régions », concluent logiquement les auteurs de l’article du BEH. C’est dommage, quand on sait que ces médicaments contre l’hépatite C constituent l’une des avancées thérapeutiques majeures de la dernière décennie. Ils ont en effet rendu possible la guérison de l’hépatite C pour la quasi-totalité des personnes traitées, avec un profil d’efficacité et de tolérance bien supérieur à celui des traitements disponibles précédemment.
Alors pourquoi les généralistes ne s’emparent-ils pas de cette stratégie thérapeutique ? Sans doute en raison du « nombre restreint de cas d’hépatite C auxquels ils sont confrontés dans leur pratique, en lien avec la faible prévalence de la maladie en population générale ». Ou en raison d’un « manque de formation et le besoin de s’appuyer sur un réseau de spécialistes du VHC », comme l’a relevé une étude menée en 2022 auprès de 22 généralistes exerçant en Nouvelle-Aquitaine. En revanche, les patients, eux, sont demandeurs de cette prise en charge de proximité, par leur médecin traitant, comme le montre une étude menée en miroir dans la même région auprès de personnes infectées ou à risque d’infection par le VHC.
Sans livrer de recette miracle, les auteurs estiment que la prescription d’AAD par les généralistes, qui sont par ailleurs des acteurs majeurs du dépistage de l’infection par le VHC, constitue un levier d’action significatif pour l’élargissement de l’accès aux traitements de l’hépatite C. « Il est important de soutenir et d’encourager les généralistes à intégrer la prescription d’AAD à leurs pratiques, partout où cela est possible, en particulier dans les territoires où le maillage de soins de santé de proximité reste suffisant », martèlent-ils.
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