Alors que la campagne de vaccination contre la grippe débute aujourd’hui, l’agence Santé publique France fait le bilan de l’épidémie de l’année dernière dans un numéro du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH).
En 2021-2022, l’épidémie de grippe a été atypique en France. D’une part elle a été exceptionnellement tardive, avec un début en mars, un pic début avril, pour s’achever fin avril. Cette dynamique inhabituelle pourrait en partie être expliquée par les mesures de contrôle de la pandémie de Covid-19 encore en vigueur cet hiver, et même renforcées dès fin décembre 2021 pour faire face à la vague due au variant Omicron. « Ces mesures ont sans doute contribué à maintenir la circulation des virus grippaux en janvier-février 2022 à un niveau modéré, et leur levée début mars a été immédiatement suivie du démarrage de l’épidémie au niveau national », précise le BEH.
D’autre part, on a observé une co-circulation des virus A (H3N2) et A (H1N1) pdm09, avec une certaine diversité génétique. De plus, ces virus étaient assez éloignés des souches présentes dans le vaccin. Malgré cela, le vaccin antigrippal a montré, en vie réelle, une efficacité globale modérée (42 %), élevée contre le sous-type H1N1 (81 %) et faible contre le sous-type H3N2 (26 %). À ce sujet, la couverture vaccinale contre la grippe a été, encore une fois, insuffisante : 52,6 % chez les personnes à risque.
Enfin, 594 décès dus à la grippe ont été rapportés. Parmi les personnes frappées, 14 étaient âgés de moins de 15 ans, 73 avaient entre 15 et 64 ans et 507 étaient âgés de 65 ans ou plus. Proportionnellement au nombre de cas de grippe, l’impact de l’épidémie a donc été faible, en termes de mortalité, chez les plus de 65 ans, et élevé chez les moins de 15 ans (avec un niveau élevé d’hospitalisation et 14 décès). « Il est possible que l’absence d’épidémie grippale en 2020-2021, entraînant une exposition des enfants en bas âge aux virus grippaux moindre par rapport à ce qui est constaté habituellement, ait contribué à cet impact plus marqué chez les enfants que chez les adultes au cours de la saison 2021-2022, notamment à l’hôpital », suggère le BEH.
Ces données permettent de mieux appréhender la grippe cette année. Actuellement, elle se résume à quelques cas sporadiques en France, et il est impossible de savoir quelle ampleur prendra l'épidémie. Mais plusieurs experts augurent une année difficile. Notamment car les données venues des pays de l'hémisphère sud, dont l’Australie, font état de symptômes assez sévères. Mais aussi, on observe en France un moindre respect des mesures barrières, qui pourrait avoir un impact sur l'ampleur de l'épidémie de grippe. D’où l'importance d'inciter les populations les plus à risque à se faire vacciner, sachant que cette vaccination peut être réalisée de façon concomitante avec celle contre le Covid.
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