La fièvre hémorragique de Crimée-Congo est une maladie virale transmise par piqûres de tique du genre Hyalomma, et notamment, en France, par l’espèce Hyalomma marginatum une tique aux pattes rayées et à la taille particulièrement grande, de près d'un centimètre. « Outre les piqûres de tiques, le virus peut également se transmettre par contact avec du sang ou des fluides d’humains ou d'animaux contaminés », précise Laurence Vial, vétérinaire chercheur à Montpellier, lors d'une conférence de l'ANRS-MIE.
Si aucun cas humain autochtone n’a encore été déclaré en France, le risque d’émergence de cette maladie sur le territoire est réel. « En effet, l’espèce Hyalomma marginatum a été détectée sur le littoral méditerranéen en 2015 et est présente depuis plusieurs décennies en Corse, évoque Laurence Vial. Mais surtout, on a très récemment détecté la présence du virus de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo dans ces tiques : en 2023, dans les Pyrénées-Orientales et en 2024, en Corse. » En revanche, on n’a toujours pas identifié de cas de fièvre hémorragique de Crimée-Congo sur le territoire, si ce n’est un seul cas, mais chez un patient qui avait manifestement contracté la maladie à l'étranger.
Toutefois, avec la détection du virus dans le sud de la France, la donne change. Désormais, tous les facteurs pour que la maladie puisse se transmettre à l’homme sont réunis. La maladie pourrait donc bientôt circuler, comme elle le fait depuis des décennies en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Balkans. La Turquie, en particulier, a connu des situations épidémiques importantes, avec plus d’un millier de cas par an. En Espagne, une douzaine de cas humains ont été rapportés depuis 2016, au rythme d’un à trois cas par an. Or si la circulation du virus s’intensifie, c’est notamment en raison du réchauffement climatique, comme le rappelle une étude publiée en 2023 dans la revue « Emerging Infectious Diseases ».
Des symptômes souvent frustres
Toutefois, la majorité du temps, une personne infectée ne présente pas ou peu de symptômes, de type syndrome grippal. La maladie peut évoluer, rarement, vers des formes graves, avec des hémorragies multiples et la défaillance d’organes vitaux qui entraînent le décès dans 10 % à 40 % des cas, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le traitement est seulement symptomatique. « Un médicament antiviral, la ribavirine, a été testé mais son efficacité est encore discutée. Et il n’existe à ce jour pas de vaccin contre cette maladie », précise l’Institut Pasteur.
Quant à la prévention, elle est la même que pour la maladie de Lyme ou autre pathologie transmise par les tiques : à savoir, dans des zones où la tique est présente, il est préférable de porter des chaussures et des vêtements couvrants, puis une fois de retour chez soi, de s’examiner avec attention afin de repérer d’éventuelles tiques sur sa peau. Une vérification d’autant plus essentielle que, « pour le virus de la fièvre hémorragique du Congo et contrairement à la maladie de Lyme, il n’y a pas de phase de latence : une tique peut transmettre le virus dès qu’elle se fixe sur la peau, et commence à saliver. Il faut donc la retirer le plus vite possible », préconise Laurence Vial. Rappelons que ce sont les exploitants agricoles, les personnes travaillant dans les abattoirs, les vétérinaires, du fait des contacts avec du sang ou des tissus d’animaux possiblement infectés, qui présentent un risque plus important d’être contaminés.
Enfin, du fait que le virus et son hôte sont présents dans le Sud de la France, les professionnels de santé dans les régions concernées vont recevoir une formation sur la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, « pour penser à cette maladie lorsqu’ils sont en présence de symptômes frustes tels qu’une hausse de température et des courbatures, et que, en cas de forme hémorragique, ils pensent aussi à se protéger », indique Laurence Vial.
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