« Aucune autre épidémie de grippe que celle de 2021-2022 n’avait atteint son pic aussi tardivement au cours de la période 2009-2022 », constate Santé publique France dans son « bulletin épidémiologique hebdomadaire », publié ce 18 octobre. Si une circulation active des virus grippaux a bien été détectée dès décembre 2021, l'épidémie n'a véritablement débuté qu'en mars pour atteindre un pic début avril et s’achever fin avril. Autre originalité : son impact a été modéré en population générale, mais important chez les enfants de moins de 15 ans. Cette dynamique inhabituelle pourrait en partie être expliquée par les mesures de contrôle de la pandémie de Covid-19 encore en vigueur cet hiver, et même renforcées dès fin décembre 2021 pour faire face à la vague due au variant Omicron. « Ces mesures ont sans doute contribué à maintenir la circulation des virus grippaux en janvier-février 2022 à un niveau modéré, et leur levée début mars a été immédiatement suivie du démarrage de l’épidémie au niveau national », précise le BEH.
Une épidémie atypique
Cette épidémie atypique, qui a duré neuf semaines, s'est par ailleurs caractérisée par une co-circulation des virus A(H3N2) et A(H1N1)pdm09. Ces virus étant assez éloignés des souches présentes dans le vaccin antigrippal, ce dernier a montré, en vie réelle, une efficacité globale modérée (42 %), élevée contre le sous-type H1N1 (81 %) et faible contre le sous-type H3N2 (26 %). Quant à la couverture vaccinale contre la grippe, elle a été, cette année encore, insuffisante, notamment chez les personnes à risque (52,6 %).
Au total, rapporte le BEH, 594 décès dus à la grippe ont été rapportés. Proportionnellement au nombre de cas de grippe, l’impact de l’épidémie a été faible, en termes de mortalité, chez les plus de 65 ans, et élevé chez les moins de 15 ans (avec un niveau élevé d’hospitalisation et 14 décès). « Il est possible que l’absence d’épidémie grippale en 2020-2021, entraînant une exposition des enfants en bas âge aux virus grippaux moindre par rapport à ce qui est constaté habituellement, ait contribué à cet impact plus marqué chez les enfants que chez les adultes au cours de la saison 2021-2022, notamment à l’hôpital », suggère le BEH.
Les données issues du BEH permettent de mieux appréhender ce que pourrait être l'épidémie cette année. Actuellement, elle se résume à quelques cas sporadiques en France, et il est impossible de savoir quelle ampleur elle prendra. Mais plusieurs experts augurent une année difficile. Notamment car les données venues des pays de l'hémisphère sud, dont l’Australie, font état de symptômes assez sévères. Mais aussi, on observe en France un moindre respect des mesures barrières, qui pourrait avoir un impact sur l'ampleur de l'épidémie de grippe. Sachant que cette vaccination peut être réalisée de façon concomitante avec celle contre le Covid, il convient d'inviter une nouvelle fois les populations les plus à risque à se faire vacciner.
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