La situation « nécessite une attention urgente et des efforts concertés », a jugé la Dr Andrea Ammon, directrice de l'ECDC, dans un communiqué. Et de lister les efforts nécessaires : le dépistage, le traitement et la prévention « au cœur de toute stratégie à long terme », mais aussi l'éducation à la santé sexuelle, l’élargissement de l'accès au dépistage et au traitement et la lutte contre la stigmatisation associée aux IST. « Promouvoir l'utilisation cohérente du préservatif et favoriser un dialogue ouvert sur les IST peuvent aider à réduire les taux de transmission », insiste-t-elle.
Des dynamiques marquées chez les jeunes femmes
Dans le détail, 216 508 cas d’infection à chlamydia ont été signalés dans 27 pays de l’UE/EEE. Après un pic en 2019 et un recul pendant la pandémie (2020 et 2021), de nouveaux taux de notification records sont observés en 2022. La dynamique concerne les femmes de 20 à 24 ans (+ 18 %, par rapport à 2021), mais surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) avec une hausse de 72 % entre 2018 et 2022. « Des enquêtes sont en cours pour déterminer les facteurs à l’origine de l’augmentation des notifications de cas en 2022 », précise l’ECDC.
Concernant la syphilis, les 35 391 cas confirmés dans 29 États membres de l'UE/EEE représentent une augmentation de 34 % par rapport à 2021 et de 41 % par rapport à 2018. « Les taux étaient huit fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes », est-il relevé. Aussi, « 2022 marque la première année au cours des dix dernières années avec une augmentation notable de la syphilis chez les hommes et les femmes hétérosexuels », lit-on encore. Parmi les 14 pays signalant une augmentation des cas de 25 % ou plus, dix (dont la France) ont également signalé des cas de syphilis congénitale en 2022.
Les 70 881 cas de gonorrhée rapportés dans 28 pays de l’UE/EEE correspondent à une hausse de 48 % par rapport à 2021 et de 59 % par rapport à 2018. Le taux de 2022 est ainsi le plus élevé depuis le lancement de la surveillance européenne en 2009. Les 20-24 ans sont les plus touchés, les femmes de cette tranche d’âge connaissant la hausse la plus marquée (+ 63 % par rapport à 2021). Mais les HSH représentent tout de même plus de la moitié des cas signalés (60 %) en 2022. « Ces augmentations sont préoccupantes en raison du risque de complications de l’appareil reproducteur chez les femmes. Ils indiquent également un risque accru de transmission d’autres infections sexuellement transmissibles parmi les jeunes », souligne l’ECDC.
Ces résultats mettent en évidence un « besoin urgent de sensibiliser à la transmission des IST et une nécessité d'améliorer la prévention, l'accès au dépistage et les traitements efficaces pour relever ce défi de santé publique », conclut l'ECDC.
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