Épidémies

Des centenaires bien résistants

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Publié le 05/05/2020
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L'exception confirme la règle. Car s'il est actuellement admis que l'âge est un facteur péjoratif du Covid-19, certaines histoires médicales tordent le cou à ce dogme épidémiologique.

En mars dernier, alors que l'épidémie flambait en Italie, un patient est sorti de l'hôpital de Rimini après avoir vaincu le virus. Il n'y aurait là rien d'extraordinaire si ce malade guéri n'avait 101 ans. Né en 1919, en pleine grippe espagnole, cet homme a donc décidément survécu à tout. Pour Gloria Lisi, la députée-maire de Rimini qui a annoncé la bonne nouvelle « cela nous apprend que, même à 101 ans, le futur n'est pas écrit d'avance ».

Ce type de guérison, qui tiendrait presque du miracle tant les chiffres sont têtus sur la faible longévité de nos aînés en période de Covid-19, est certes extraordinaire, mais pas unique. Ainsi, Ana del Valle a vécu un destin comparable. Cette centenaire, qui soufflera ses 107 bougies le 20 octobre, a survécu à deux pandémies. Il y a quelques jours, elle a guéri du Covid-19 dans la maison de retraite où elle vit à Cadix, dans le sud de l'Espagne. Un siècle plus tôt, en 1918, alors qu'elle n'était âgée que de 7 ans, l'Andalouse avait, elle aussi, réchappé à l'épidémie de grippe espagnole qui avait fait au moins 50 millions de morts à travers le monde.

Dans la résidence pour personnes âgées qui l'héberge depuis 2012, la centenaire a été testée positive au Covid-19 le 19 mars. Et sur les 22 employés de la résidence, 20 sont également testés positifs. Pour autant, témoigne l'entourage d'Ana del Valle, « les personnes âgées n'ont pas été abandonnées, elles ont été soignées par des travailleurs malades, mais elles ne manquaient de rien ». Pourtant, son état de santé se dégrade. Hospitalisée, elle est transférée en soins intensifs, où elle est sédatée. Un mois après avoir déclaré le virus, elle est officiellement guérie. Elle a depuis recommencé à marcher, avec un déambulateur et l'aide d'une infirmière. Conclure que l'amour et les soins attentifs dont a bénéficié la centenaire, ont permis cette guérison miraculeuse, serait un peu naïf. Il est plus probable que, comme pour le centenaire de Rimini, une forte constitution déterminée par la génétique en est plutôt la cause…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien