Des chercheurs de l'Institut Pasteur se sont intéressés à la perte de l'odorat, symptôme souvent associé au Covid-19 qui peut durer plusieurs mois chez certains patients. Leur étude montre que la persistance de cette anosmie serait liée à la présence durable du virus et de l'inflammation dans la muqueuse olfactive.
L'étude, menée par Guilherme Dias de Melo, Françoise Lazarini, Sylvain Levallois et coll., visait à éclairer les mécanismes encore mal connus de la physiopathologie des troubles neurologiques du Covid-19. Les résultats de leurs travaux sur onze patients et sur des hamsters syriens dorés, parus dans la revue « Science Translational Medicine », expliquent les mécanismes de la perte de l'odorat liée au Covid à court et à long terme. Ils révèlent notamment que les tests PCR par prélèvement nasopharyngé peuvent se révéler négatifs alors même que le virus persiste au fond des cavités nasales, dans la muqueuse olfactive. Une découverte qui suggère qu'un diagnostic du coronavirus par brossage nasal pourrait être utilement réalisé pour compléter le prélèvement nasopharyngé chez les patients ayant une perte d'odorat.
Les chercheurs de l'Institut Pasteur ont analysé le neuroépithélium olfactif chez 7 patients atteints de Covid-19, ne nécessitant pas d'hospitalisation et qui ont signalé une perte d'odorat. « Nous rapportons des preuves que le neuroépithélium olfactif peut être un site majeur d'infection par le SRAS-CoV-2 avec plusieurs types de cellules, y compris les neurones sensoriels olfactifs, les cellules de soutien et les cellules immunitaires, devenant infectées », expliquent les auteurs, qui ont également repéré le matériel génétique du virus, l'ARN du SRAS-CoV-2, persistant chez quatre autres patients souffrant d'une perte d'odorat à long terme et qui n'avait pas été détectée par le test PCR classique à partir de prélèvements nasopharyngés.
De plus, chez des hamsters infectés par le virus, les chercheurs ont observé une présence virale dans la muqueuse olfactive et dans le cerveau, ainsi qu'une perte de goût et d'odeur. Cette infection des neurones olfactifs de la muqueuse olfactive nasale « pourrait constituer une porte d'entrée dans le cerveau et expliquer pourquoi certains patients développent diverses manifestations cliniques d'ordre psychologique (troubles de l'anxiété, dépression) ou neurologique (déclin cognitif, susceptibilité à développer une maladie neurodégénérative), qui doivent faire l'objet de nouvelles études », relève enfin l'Institut Pasteur.
Avec l'AFP.
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