Le vaccin Janssen repose, comme le vaccin Vaxzévria (AstraZeneca) sur une technologie à base de vecteur viral. Il s’agit d’un vaccin monovalent composé d'un vecteur adénovirus humain recombinant, incapable de se répliquer, qui code une glycoprotéine Spike (encore appelée protéine S ou protéine de spicule) pleine longueur du SARS-CoV-2 dans une conformation stabilisée. Après administration, la glycoprotéine S est exprimée de manière transitoire, stimulant à la fois des anticorps neutralisants et d'autres anticorps fonctionnels spécifiques, ainsi que des réponses immunitaires cellulaires dirigées contre l'antigène S qui suscitent la protection contre le Covid-19.
L’efficacité de ce vaccin a été testée versus placebo lors d’essais cliniques sur environ 40 000 personnes âgées de 18 ans ou plus dans plusieurs pays, notamment aux États-Unis, au Mexique, au Brésil et en Afrique du Sud. Il s’est révélé efficace à 85 % pour empêcher les formes graves du Covid-19, et à 66 % pour prévenir les formes modérées à sévères. Toutefois, ce chiffre de 66 % traduit des réalités contrastées selon les pays : de 72 % aux États-Unis, il tombe à 64 % en Afrique du Sud où le variant B.1.351 était déjà très majoritaire au moment de l’essai. De plus, il ne peut pas être directement comparé aux 95 % d’efficacité des vaccins à ARNm de Pfizer et Moderna car les essais cliniques de ces deux derniers ont été menés alors que les variants n’étaient pas répandus.
Parce qu'une partie des essais a été conduite en Afrique du Sud, alors que la souche mutante était déjà majoritaire dans ce pays, cela a permis de mesurer la performance du sérum contre le variant sud-africain. Le vaccin serait un peu moins efficace que sur la souche d’origine, mais il offrirait une réponse tout à fait acceptable puisque gravitant autour de 60 %. Compte tenu des données montrant son efficacité sur le variant sud-africain, ce vaccin peut présenter un intérêt particulier dans les zones géographiques où cette souche circule activement. Comme pour les autres vaccins, la durée de l’immunité acquise reste inconnue.
Des effets iatrogènes bénins (céphalées, asthénie, myalgies, fièvre, syndrome pseudo-grippal, nausées, etc.) ont pu être observés lors des essais cliniques. Aucun décès n’a été rapporté dans le bras vaccin, contre sept dans le bras placebo. Le laboratoire américain a signalé en février un cas d’anaphylaxie en Afrique du Sud. Cette réaction très rare a aussi été rapportée après des injections des vaccins Moderna ou Pfizer : elle explique que ce vaccin soit, lui aussi, contre-indiqué chez les personnes ayant déjà présenté des réactions allergiques sévères.
Mais au-delà de ce profil pharmacologique issu de son développement, le vaccin, en vie réelle, montre un tout autre visage. En effet, depuis plus d'une semaine, la survenue de troubles de la coagulation a généré de nouvelles inquiétudes dans le sillage de la polémique suscitée par le vaccin Vaxzévria. L'agence américaine du médicament (FDA) et les centres de pharmacovigilance (CDC) enquêtent sur les possibles liens entre la formation d'emboles sanguins et l'injection du vaccin Janssen, de même l’agence européenne des médicaments (EMA) examine l'éventualité d'une causalité après que plusieurs cas ont été rapportés, dont un mortel aux États-Unis.
Injection unique : une efficacité à confirmer ?
Le vaccin Janssen est le premier des vaccins anti-Covid à ne nécessiter qu’une seule injection, un avantage significatif que ne partagent pas ses homologues et une donnée qui pourrait accélérer la campagne vaccinale, si toutefois les commandes parviennent à leurs destinataires… Et si ce plan d'administration n'est pas modifié. Car le président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale, le Pr Alain Fischer, remet en cause l'efficacité de ce vaccin quand il est administré en unidose. Certains immunologistes se disent au contraire réservés quant à l'opportunité d’une seconde injection, le système immunitaire pouvant en effet reconnaître le virus vecteur injecté une deuxième fois et le neutraliser avant même qu’il soit actif.
Stabilité : un avantage logistique évident
Le flacon de vaccin non ouvert se conserve deux ans entre -25 °C et -15 °C. Une fois sorti du congélateur, il doit être entreposé au réfrigérateur entre 2 °C et 8 °C, à l'abri de la lumière, pour une période unique de 3 mois maximum, sans dépasser la date de péremption. Une fois décongelées, les doses ne doivent bien sûr pas être recongelées.
La stabilité de la formule J & J, après la première ponction, est avérée pendant 6 heures entre 2 °C et 25 °C. En pratique, le produit peut donc être conservé entre 2 °C et 8 °C pendant un maximum de 6 heures, ou rester à température ambiante (25 °C maximum) jusqu'à 3 heures après le premier prélèvement. Des raisons de sécurité microbiologique rendent toutefois préférable son utilisation immédiatement après la première perforation du flacon.
Cette facilité de conservation et l’usage d’une dose unique font de ce vaccin une solution préférentielle dans toutes les zones où l’épidémie est active et où une accélération de la campagne de vaccination est nécessaire, mais aussi lorsqu’il s’agit de vacciner des publics éloignés du système de santé, des personnes en situation de précarité économique et sociale, ainsi que des personnes en situation de handicap ou éprouvant des difficultés pour se déplacer.
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