Dans l’ensemble, les taux de résistance de la plupart des combinaisons d’espèces bactériennes et de groupes d’antimicrobiens affichent des tendances à la baisse ou à la stagnation sur la période de 2016 à 2020. Cette tendance globale masque des variations selon les pays : « Les pourcentages de résistance antimicrobienne les plus faibles ont été signalés par les pays du nord de l'Europe et les plus élevés par les pays du sud et de l'est. »
Résistance accrue aux céphalosporines et aux carbapénèmes
La tendance générale à la baisse comporte néanmoins des exceptions notables, celle de la résistance aux carbapénèmes chez E. coli et K. pneumoniae et la résistance à la vancomycine chez E. fæcium, « pour lesquelles il y a eu une augmentation significative au cours de cette période », est-il relevé.
Dans le détail, plus de la moitié des isolats d'E. coli signalés et plus d'un tiers des isolats de K. pneumoniae étaient résistants à au moins un groupe d'antimicrobiens sous surveillance. Et, « la résistance combinée à plusieurs groupes d'antimicrobiens était fréquente », signale le rapport.
Parmi les groupes d'antimicrobiens surveillés pour ces deux espèces, les taux de résistance antimicrobienne étaient généralement plus élevés chez K. pneumoniae que chez E. coli. « La résistance aux carbapénèmes est restée rare chez E. coli, mais près d'un quart des pays de l'UE/EEE ont signalé des pourcentages de résistance aux carbapénèmes supérieurs à 10 % chez K. pneumoniae », est-il noté.
La résistance aux carbapénèmes était également courante, et plus élevée que pour K. pneumoniae, chez P. aeruginosa et Acinetobacter spp. Pour S. pneumoniae, la résistance aux macrolides est en revanche en baisse de 2016 à 2020.
Pour S. aureus, malgré la diminution du pourcentage d'isolats résistants à la méthicilline (de la classe des céphalosporines) entre 2016 et 2020, l’agent pathogène reste à des niveaux élevés dans plusieurs pays et la résistance combinée à d'autres groupes d'antimicrobiens est courante.
Concernant E. fæcium, le rapport signale une « évolution particulièrement préoccupante », alors que le taux moyen d’isolats résistants à la vancomycine est passé de 11,6 % en 2016 à 16,8 % en 2020.
Des actions pour éviter 27 000 décès chaque année
Les niveaux de résistance « préoccupants » aux céphalosporines et aux carbapénèmes « suggèrent la dissémination de clones résistants dans les établissements de santé », est-il souligné. Cette résistance aux antibiotiques de dernière intention « compromet également l'efficacité des interventions médicales vitales telles que le traitement du cancer et la transplantation d'organes », poursuit le rapport.
L’antibiorésistance reste ainsi « une menace considérable pour la santé publique » et représente un coût pour les systèmes de santé estimé à 1,1 milliard d’euros. Pour la directrice de l’ECDC, la Dr Andrea Ammon, les efforts à mener « sont donc vitaux pour l'Europe ». Selon elle, « tout le monde – y compris les décideurs politiques, les professionnels de la santé, les patients et les organisations gouvernementales et non gouvernementales – a un rôle à jouer pour s’attaquer aux menaces sanitaires liées à l’antibiorésistance ».
Le rapport invite à mettre en œuvre un ensemble d’interventions : programme de gestion responsable des antibiotiques, meilleure hygiène, campagnes médiatiques et utilisation de tests de diagnostic rapide. L’application de ces mesures a « le potentiel d'éviter environ 27 000 décès chaque année », estime l’ECDC.
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