LA FRANCE a été le premier pays à offrir aux femmes l’accès libre à une contraception d’urgence (CU) par lévonorgestrel (NorLevo) auprès du pharmacien. Elle a été aussi le premier pays à avoir institué la dispensation possible dans les collèges depuis mars 2001, et la délivrance anonyme et gratuite en pharmacie pour les mineures depuis janvier 2002. Cette nouvelle prise de liberté a été difficile à faire accepter et il a fallu lutter contre un certain nombre d’informations alarmistes : craintes de voir la contraception régulière régresser, craintes que la fertilité future diminue ou que le nombre d’infections sexuellement transmissibles (IST) augmente.
Quant à l’accès gratuit pour les mineures il a fait craindre que cette pilule soit considérée comme une contraception facile et banale. « Toutes ces appréhensions ont été balayées par l’évolution des mentalités, et les femmes ont prouvé tout au long de ces dix années qu’elles étaient parfaitement capables de gérer la CU. Il n’y a pas eu de dérapage : le recours à cette méthode reste ponctuel et ne modifie pas les pratiques contraceptives », se félicite le Dr Élizabeth Aubény, gynécologue.
Dès le départ, les pharmaciens ont été le maillon fort de la délivrance de lévonorgestrel et, actuellement, seulement une minorité d’entre eux se montrent encore réticents à une dispensation gratuite. Dans la majorité des cas, les officines ont à disposition du NorLevo et offrent aux intéressées un accueil privilégié et discret pour apporter à la fois de l’information vis-à-vis de la situation urgente mais, au-delà, pour écouter, donner des conseils et orienter vers un médecin ou un planning familial.
Malgré ces conditions favorables, la CU reste largement sous-utilisée, en France comme dans les autres pays. « Chaque année, une femme sur trois est potentiellement exposée au risque de grossesse non prévue mais seulement 11 % y ont recours, précise le Dr Caroline Moreau, épidémiologiste, et on estime à 24 millions le nombre de rapports non ou mal protégés, alors que les ventes de lévonorgestrel ne dépassent pas 1,2 million d’unités en 2008 en France. »
Le mythe du 14e jour.
Il faut faire progresser l’éducation car trop d’idées reçues, totalement fausses, persistent encore en 2009. Il faut donc améliorer l’information des jeunes dès le collège, puis le lycée, ainsi que celle des femmes de plus de 25 ans. La conscience de s’exposer à un risque de grossesse est largement sous-estimée et c’est sans doute le premier obstacle à l’utilisation de la CU. « Il est primordial d’aider les femmes à identifier les situations au cours desquelles elles s’exposent à ce risque, en particulier il faut oublier le mythe du 14e jour, insiste la gynécologue, car il n’existe pas de période sans risque dans un cycle. »
Les études épidémiologiques montrent, par ailleurs, que cette méthode est utilisée dans 80 % des cas pour pallier une erreur de prise de contraception régulière. En conséquence, les femmes doivent être informées préventivement des possibilités de rattrapage en cas de rapport non protégé, de leur efficacité et de leur condition d’accès. Certes, la prise de la CU doit rester occasionnelle et elle ne doit pas remplacer une méthode de contraception régulière, mais le pharmacien peut renouveler la délivrance de NorLevo si plusieurs rapports à risque ont eu lieu dans un même cycle, ou à chaque erreur. Il n’y a pas de risque de stérilité. Si une grossesse est engagée, il n’y a aucun effet malformatif attendu.
Pour améliorer la communication, le laboratoire HRA Pharma prévoit de lancer une nouvelle campagne à destination des pharmaciens, et dont le message est « la contraception d’urgence, un réflexe pour une seconde chance ». Les équipes officinales qui le désirent pourront recevoir une formation sur la contraception grâce à un module spécifiquement adapté à leur travail.
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