MAUX de tête, nausées, frissons… puis, redoutées, des taches rouges envahissaient le visage, les mains et les bras, parfois le corps entier. Évoluant en vésicules puis en pustules qui séchaient en croûtes, la maladie laissait, au mieux, un visage grêlé de façon indélébile. Encore fallait-il remercier le Ciel d’être en vie : un tiers des malades adultes en mouraient… Au XVIIIe siècle, la variole - c’est d’elle dont il s’agit - fut responsable sous le nom de « petite vérole » (du latin varus = pustule) d’environ 400 000 décès par an pour la seule Europe (et, estime-t-on, de 300 millions de morts sur la planète au cours du XXe siècle).
Une technique prophylactique importée d’Orient se généralisa en Occident au début du Siècle des Lumières à la suite des travaux d’un médecin anglais en poste à Istanbul, Emmanuel Timoni (1670-1718). L’insertion de fils imprégnés de pus d’un patient atteint d’une forme légère de variole ou son introduction avec une lancette dans le tissu sous-dermique provoquait une abondante suppuration : cette « variolisation », certes très risquée, était suivie d’une protection relative contre la maladie.
Vaccination : une histoire de vache.
L’histoire doit ici à un médecin anglais, Edward Jenner (1749-1823), qui aurait pu ne rester célèbre que pour avoir découvert comment les jeunes coucous se débarrassent des œufs des oiseaux dont ils occupent illégitimement les nids…
Ayant observé que les trayeuses victimes de la vaccine (latin vacca = vache ; en anglais cow-pox, cox signifiant pustule : une maladie des bovins transmissible à l’homme mais assez faiblement pathogène), n’étaient qu’exceptionnellement atteintes par la variole, Jenner imagina que le pus contenu dans les vésicules avait un effet protecteur.
Passant à la pratique le 14 mai 1796, il inocula dans les bras d’un garçonnet, James Phipps (1788-1853), du pus extrait des vésicules de la main d’une trayeuse contaminée, Sarah Nelmes. Cette inoculation fut simplement suivie d’un pic fébrile transitoire. Le 1er juillet, il « variolisa » James. Aucune maladie ne se déclara, ni à cette occasion, ni lors des quelque 22 inoculations qui suivirent… et, pour remercier son « cobaye » et sa famille, Jenner mit à leur disposition un cottage à Berkeley (Gloucesthershire).
Le médecin publia une étude regroupant 23 cas mais, circonspects, ses pairs acceptèrent ses conclusions tardivement. La « vaccination » fut finalement autorisée et, en 1840, le gouvernement anglais alla jusqu’à la privilégier en interdisant la variolisation.
Certes, d’autres médecins avaient approché la notion de vaccination avant Jenner. Un propriétaire terrien anglais, Benjamin Jesty (1736-1816), s’était illustré en protégeant sa famille à laquelle il avait fait contracter la vaccine en 1774 : n’étant pas homme de science, il ne sut toutefois faire reconnaître son procédé. Edward Jenner n’en fut pas moins à l’origine de la popularisation d’une technique qui permit, en moins de deux siècles, l’éradication d’une infection virale redoutable - mais strictement humaine -.
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