LES SÉCRÉTIONS corporelles suscitent souvent du dégoût. À tort sans doute, en tout cas cela semble être le cas pour le mucus intestinal. Des chercheurs du Mount Sinaï viennent de lui découvrir de propriétés anti-inflammatoires et pro-immunitaires insoupçonnées jusqu’alors. Pour l’équipe dirigée par le Dr Meimei Shan, ces étonnants résultats suggèrent des applications thérapeutiques potentielles dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que la maladie de Crohn, voire dans certains cancers.
Le composé MUC2.
Comme l’a expliqué le Dr Andrea Cerutti, l’auteur senior de l’étude : « Nous nous demandions si les cellules dendritiques de la muqueuse intestinale pouvaient neutraliser le mucus, comme elles le font pour les bactéries et les antigènes alimentaires. Or ce que nous avons constaté, c’est que du moment qu’il y avait du mucus, il y avait une production de cytokines régulatrices anti-inflammatoires ». Ainsi, si les cellules dendritiques sont au cœur de la réponse immunitaire « en chef d’orchestre », le mucus, en particulier le composé MUC2, se révèle capable d’enrayer certaines de leurs réactions délétères lors d’infection bactérienne. Cette propriété supplémentaire viendrait ainsi s’ajouter à celle déjà connue de barrière physique contre les bactéries et les toxines.
Produire du mucus ou un équivalent.
Pour mettre en évidence ces effets anti-inflammatoires, les chercheurs ont réalisé plusieurs séries d’expériences in vitro sur du mucus intestinal d’origine diverse (souris, porc ou culture cellulaire humaine), en faisant appel à différentes techniques d’immunologie cellulaire et de biologie moléculaire. De plus, des essais précliniques ont été menés dans un modèle murin de MICI et un autre ne produisant pas de glaire.
Dans les MICI, les patients pourraient présenter des altérations substantielles du mucus susceptibles de gêner la réponse protectrice anti-inflammatoire. Il faut avoir à l’esprit en effet que la production de mucus est d’environ 1 litre par jour en conditions normales, et que le gros intestin représente 80 % des cellules immunitaires de l’organisme. « Les recherches futures vont se concentrer sur la synthèse de mucus ou d’une molécule équivalente par voie orale », a expliqué le Dr Shan. Car, au-delà des MICI, les chercheurs envisagent des applications dans le cancer. Comme l’a expliqué le Dr Cerutti : « La plupart des tumeurs agressives, comme les cancers du côlon, de l’ovaire et du sein, produisent du mucus, y compris le composé MUC2. Il est possible que le mucus produit par les cellules malignes empêche les réponses immunitaires protectrices anti-tumorales ».
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