APRÈS « les antibiotiques, c’est pas automatique », l’assurance-maladie va communiquer à nouveau sur le thème de la consommation d’antibiotiques avec pour nouveau slogan « si on les utilise à tort, ils deviendront moins forts ». Si l’assurance-maladie remet le couvert sur ce thème, c’est que, selon Hubert Allemand, médecin-conseil national, « il y a une tendance à la reprise de la consommation ». La France a en effet un des niveaux de consommation les plus élevés d’Europe, juste derrière la Grèce, et en 2009, 40 % des prescriptions françaises d’antibiotiques ont été effectuées pour des infections virales ou des angines virales, pour lesquelles les antibiotiques ne sont pas efficaces.
La campagne lancée en 2003 a produit ses fruits, avec une baisse de 15,5 % des prescriptions (40 millions de prescriptions évitées en tout) mais depuis 2007, les prescriptions inutiles d’antibiotiques repartent à la hausse, et avec elles les résistances bactériennes. Ainsi, entre 2004 et 2008, la résistance de la bactérie Escherichia coli (E. coli) aux fluoroquinolones a augmenté de 90 %, passant de 8,2 à 15,7 des cas. Quant à la résistance de cette même bactérie aux céphalosporines de troisième génération, elle est passée de 1 % en 2004, à 4 % en 2008, soit une hausse de 300 %. Si la progression se poursuit, indique l’assurance-maladie, elle pourrait être à l’origine de difficultés thérapeutiques croissantes, notamment pour les infections urinaires graves.
« En Europe, 25 000 patients meurent chaque année d’une infection à bactéries multirésistantes qui n’a pu être traitée, prévient le Pr Benoît Schlemmer, président du Comité national de suivi du plan pour préserver l’efficacité des antibiotiques. Et ce qui est menacé aujourd’hui, c’est l’efficacité des traitements dans des affections banales de ville. » De plus, l’utilisation du test de diagnostic rapide (TDR), qui permet au médecin de savoir en cinq minutes si une angine est ou non d’origine virale, est en régression depuis deux ans. « Et pourtant, commente le Dr Ro?bert Cohen, pédiatre infectiologue au CHI de Créteil, ce test est fiable à plus de 95 %. »
Angine et bronchite aiguë dans le collimateur.
Dans la pratique, précise l’assurance-maladie, deux pathologies fréquentes en médecine de ville sont à l’origine d’une forte consommation d’antibiotiques, l’angine et la bronchite aiguë. Face à l’angine, elle préconise de privilégier le TDR, car ces pathologies sont virales dans 75 à 90 % des cas chez l’adulte, et dans 60 à 75 % des cas chez l’enfant. Et, « du fait de l’évolution des résistances bactériennes, le traitement systématique par antibiotiques des angines, pour prévenir un rhumatisme articulaire aigu, n’a plus lieu d’être ». Quant à la bronchite aiguë du sujet sain, l’assurance-maladie rappelle que les recommandations nationales et internationales mettent en avant l’inutilité de leur traitement par antibiothérapie.
Une nouvelle campagne de communication a donc débuté hier. Des spots télévisés mettant en scène deux personnages figurant des antibiotiques, sont diffusés, tandis que les délégués de l’assurance-maladie (DAM) vont rendre visite aux praticiens pour leur distribuer des mémos comportant des recommandations. L’assurance-maladie va par ailleurs tenter, d’ici à la fin de l’année, de rendre possible la commande (gratuite) en ligne des TDR.
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