LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.-La France se distingue par une consommation de contraceptifs oraux et un nombre d'IVG parmi les plus élevés en Europe. Quelles sont les raisons de ce paradoxe ?
FRANÇOISE TOURMEN.- Effectivement, dans notre pays la prise de contraceptifs conduit à 35 % de grossesses non désirées. Une grande partie d'entre elles viennent d'une mauvaise efficacité ou d'une mauvaise utilisation des moyens contraceptifs. La pilule du lendemain est encore sous employée. Même sous stérilet, l'échec s'élève à 7 %. Pour la contraception orale, ce sont les oublis de plus de 12 heures qui sont en cause, car 20 % des IVG sont réalisées chez des femmes qui prennent la pilule.
Comment remédier à cette situation ?
En premier lieu par des actions éducatives. La loi de 2001 sur la contraception prévoit trois séances annuelles d'information au collège et au lycée. C'est loin d'être appliqué en pratique, malgré l'implication des infirmières scolaires. Les officinaux sont aussi en première ligne sur ces questions. L'une de leurs missions est d'informer les femmes sur les différents moyens de contraception. La régularité dans la prise est indispensable et il ne faut donc pas trop insister sur la marge de sécurité qui est offerte.
Comment aborder une jeune femme qui débute une contraception ?
L'adolescente est accueillie sans ses parents, dans un espace de confidentialité. Une préparatrice ou une pharmacienne, plus sensible à ces questions, peut la prendre en charge, en prenant le temps nécessaire. Le sujet est abordé sans a priori. Les questions relevant de l'intimité doivent être justifiées pour ne pas être perçues comme une intrusion. Rappelez la conduite à tenir en cas d'oubli et proposez un suivi régulier et rapproché.
Comment voyez-vous l'évolution de l'implication des officinaux ?
Leur rôle va aller croissant au regard des chiffres de la démographie médicale, en particulier des gynécologues qui ne sont plus qu'un millier. La pharmacie est aussi un rempart contre le danger de la vente de contraceptifs sur Internet. Elle est déjà possible en Espagne et en Angleterre, après validation d'un questionnaire par un médecin. L'officine doit être perçue comme experte dans le domaine de la contraception, ce qui n'est pas encore tout à fait le cas. Le dossier pharmaceutique va l'y aider. Il permettra de détecter des recours trop fréquents à la contraception d'urgence. Par ailleurs, nous devrions expérimenter en France l'initiation d'un traitement contraceptif à l'officine, sur la base d'un interrogatoire et d'une check-list. Cette démarche n'exclut en rien l'option de la consultation médicale. Un essai de ce type est en cours au Royaume-Uni. Dans l'État de Washington, l'expérience a été concluante et a montré que les femmes étaient prêtes à rémunérer le pharmacien pour cela.
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