On estime que plus de 40 % des cancers sont liés au mode de vie et à l’environnement. Ils pourraient être évités si l’exposition aux facteurs de risque modifiables (tabac, alcool…) était optimale. La population en est bien consciente, comme l’a montré le dernier baromètre cancer 2015, et les Français sont inquiets : ils souhaitent avoir plus d’information sur les risques liés à l’environnement (pesticides, pollution, perturbateurs endocriniens [PE]), et à l’alimentation — consultation citoyenne Inca 2018. 50 % des Français pensent que les PE sont à risque élevé et 55 % pensent que l’on ne leur dit pas la vérité sur les dangers. 13 % seulement font confiance aux autorités françaises pour leurs actions de protection des personnes concernant les PE ou les pesticides (Baromètre IRSN 2018).
« Évaluer les risques liés aux perturbateurs endocriniens est un défi scientifique », explique la Dr Alice Desbiolles, médecin référente santé environnement. Ces molécules sont susceptibles de provoquer des effets nocifs, tant chez les individus exposés que sur leur descendance. Des précautions s’imposent donc même si l’incertitude demeure quant à leur effet sur la santé humaine.
L’exposition est ubiquitaire : on en trouve partout. Les phtalates se retrouvent dans les vernis à ongles, les jouets, les bouteilles en plastique, les produits d’entretien, les cosmétiques, les ustensiles de cuisine... Les parabens et phénoxyethanols dans les médicaments, les cosmétiques, les lingettes de toilette jetables. Les bisphénols dans les films alimentaires, les bouteilles en plastique, les pots de yaourt, les lentilles de contact, les canettes… Du bisphénol A serait retrouvé chez 74 % des femmes enceintes (cohorte Elfe 2011, Santé Publique France). Des phtalates et des pesticides pyréthrinoïdes chez toutes les femmes.
Plusieurs perturbateurs endocriniens ont été classés comme agents cancérogènes (groupe 1) par le centre international de recherche sur le cancer (Circ) : le distilbène, le THM, la pilule estroprogestative, le benzopyrène, la dioxine dite Sévéso et les polychlorobiphényles. Dans le groupe 2A, probablement cancérogène, on trouve les hydrocarbures aromatiques polycycliques et le DDT. Dans le groupe 2B, peut-être cancérogène, se trouve la chlordécone.
De plus, la puberté précoce centrale idiopathique est suspectée d’être favorisée par une exposition aux perturbateurs endocriniens (PE). Le concept d’exposome a été introduit : ce terme regroupe toutes les atteintes à la santé qui ne sont pas d’origine génétique et ce sur toute la durée de vie et en intégrant non seulement l’environnement mais aussi les causes psychologiques et socio-économiques.
Face à ce problème, une Stratégie nationale perturbateurs endocriniens (2014-2019) a été définie avec comme objectif la réduction de l’exposition de la population et de l’environnement aux PE. Le rôle de l’Anses a été renforcé et la présentation d’une liste des substances PE annoncée pour 2021.
Session « Cancers, glyphosate et perturbateurs endocriniens, comment gérer l’information ? » co-organisée avec l’INCa.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques