Deux patients traités par erlotinib pour un cancer du poumon et présentant un prurit très important ont été soulagés par l’administration d’aprépitant, antagoniste du récepteur à la neurokinine-1 destiné au traitement des nausées et vomissements chimio-induits.
Les observations rapportées par les Italiens Bruno Vincenzi et coll. concernent une femme de 44 ans et un homme de 74 ans, atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules de stade IV, et recevant de l’erlotinib à la dose de 150 mg/j. Ces patients ont présenté un prurit résistant à l’application locale de glucocorticoïdes et aux traitements systémiques standards. Ce prurit était associé à un rash cutané acnéiforme de grade 3.
La sévérité des manifestations cutanées a conduit à suspendre l’erlotinib pendant une semaine, laps de temps pendant lequel on a instauré un traitement par glucocorticoïdes per os et antibiotiques. Le prurit s’est alors rapidement amélioré. Le traitement par erlotinib a ensuite été repris, associé à de la prednisone et des antihistaminiques pour éviter le prurit. Toutefois, dès la première semaine de reprise de l’erlotinib, un prurit sévère de grade 3 est réapparu chez les deux patients. Sur l’échelle analogique visuelle, le prurit était à 8/10 chez un patient et 9/10 chez l’autre. L’erlotinib a été à nouveau interrompu et l’on a administré de l’aprépitant à la dose de 125 mg à J1 et 80 mg à J2 et J3. Stratégie efficace : vingt-quatre heures après la première dose d’aprépitant, le prurit avait disparu. L’erlotinib a alors été réintroduit à la dose de 100 mg/j, accompagné d’aprépitant (en alternant 125 mg un jour sur deux et 80 mg un jour sur deux). Dès lors, le prurit n’est pas réapparu avec des scores de 0 et 1 sur l’échelle analogique visuelle.
En attente de l’évaluation tumorale.
Au bout de deux mois de traitement associant erlotinib et aprépitant, plus aucun épisode de prurit sévère n’a été observé (alors que le rash restait présent). Les deux patients sont en attente de l’évaluation de la réponse tumorale. On ne sait pas si l’aprépitant influence cette réponse.
« Des données cliniques complémentaires sont nécessaires pour confirmer que l’aprépitant peut être utile pour traiter et prévenir le prurit chez les patients atteints d’un cancer et traités par erlotinib. L’aprépitant devrait être testé dans d’autres maladies associées au prurit sévère », concluent les auteurs.
Rappelons qu’en octobre 2009, les Français Arnaud Duval et Louis Dubertret rapportaient chez trois patients les bons résultats obtenus avec l’aprépitant contre le prurit sévère associé au syndrome de Sézary.
22 juillet 2010, pp. 397.
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