Infertilité masculine

Des spermatozoïdes made in China

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Publié le 29/03/2016
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Les limites des traitements de l’infertilité n’en finissent pas de reculer. Avec les progrès de la procréation médicalement assistée, on a assisté successivement au passage de la « simple » fécondation in vitro à des techniques plus complexes telles la FIV-ICSI (Fécondation in vitro avec injection intracytoplasmique de spermatozoïde dans l’ovocyte) ou encore la fécondation après prélèvement intratesticulaire de spermatogonies (cellules germinales de spermatozoïdes).

Des techniques certes toujours plus performantes, mais dans ce combat sans fin contre l’infertilité, une nouvelle étape décisive vient d’être franchie… Au moins chez la souris. Une équipe de chercheurs chinois est en effet parvenue à créer en laboratoire des spermatozoïdes fonctionnels à partir de cellules embryonnaires murines. Les gamètes ainsi « fabriqués » ont ensuite été injectés dans un ovocyte - par la même technique d’injection intra-cytoplasmique que celle utilisée pour la FIV-ICSI - pour obtenir des embryons fécondés. Puis ces embryons ont été implantés chez des souris femelles qui ont donné naissance à des souriceaux parfaitement normaux. Ce faisant, les scientifiques ont réussi à dépasser l’obstacle théorique d’une azoospermie (absence totale de spermatozoïde dans le sperme) ou d’une oligospermie sévère (très faible concentration du sperme en spermatozoïde). Et si l’on se rappelle que l’infertilité masculine est impliquée chez environ 15 % des couples souffrant d’infertilité, on comprend que ces travaux représentent un espoir immense pour ce qui constitue jusqu’à présent une impasse thérapeutique. Mais n’allons pas trop vite, nous disent les chercheurs. Ces résultats, certes probants, n’ont été obtenus que chez la souris, ils demandent à être confirmés chez d’autres animaux, notamment des primates avant d’imaginer un premier essai chez l’homme. Et avant même d’engager ces tentatives il aura fallu démontrer que l’ADN du noyau des cellules reproductrices reste normal à tous les stades de la méiose et que les gamètes obtenus sont bien capables de reproduire des individus normaux. La science avance. Le questionnement éthique aussi…

Didier Doukhan

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3252