Pour le Pr Charbel E.H. Moussa et pour Fernando L. Pagan, deux neurologues de Georgetown, l’étude menée à l’hôpital de l’université de Georgetown (Washington) est la première montrant qu’un médicament pourrait entraîner une réversibilité du déclin moteur et cognitif de sujets atteints d’une maladie neurodégénérative.
L’essai qu’ils ont conduit en simple aveugle a inclus seulement 12 sujets (dont 11 ont terminé l’étude) qui ont reçu à des doses progressivement croissantes du nilotinib (150 à 300 mg/j). L’amélioration clinique a été spectaculaire chez dix de ces patients, tant au plan cognitif que moteur : la constipation accompagnant la maladie de Parkinson a disparu, un sujet confiné à la chaise roulante a pu marcher et trois sujets aphasiques ont pu tenir à nouveau une conversation. Parmi ces patients, un certain Alan Hoffman, lui-même ancien professeur à l’université Georgetown, traité pour Parkinson depuis 1997, et qui a ainsi témoigné directement de l’amélioration inimaginable associée à ce traitement. Les résultats obtenus ont été d’autant plus étonnants que les patients avaient développé relativement récemment la maladie de Parkinson et/ou qu’ils présentaient une démence à corps de Lewy.
Se « nettoyer » des molécules toxiques
De plus, ces sujets ont présenté des modifications positives dans les biomarqueurs de neurodégénérescence isolés du fluide cérébrospinal (alpha-synucléine, protéine bêta-amyloïde 40/42, etc.). Ces observations sont tout particulièrement importantes pour les chercheurs car elles suggèrent que ces protéines seraient progressivement éliminées du cerveau : administré à petite dose, le nilotinib permettrait au tissu cérébral de se « nettoyer » des molécules toxiques, en agissant pendant environ 4 heures après chaque prise, sans entraîner l’apoptose des cellules. La production de dopamine a, quant à elle, augmenté chez les patients, au point même que les traitements substitutifs dont ils bénéficiaient alors ont pu être réduits, voire suspendus. L’arrêt de l’administration du nilotinib a toutefois entraîné un retour à la situation initiale, avec nécessité de prescrire à nouveau une substitution dopaminergique, ce qui suggère, en l’état des observations, que ce type de traitement doive être indéfini.
Autre point très positif de cette petite étude : le nilotinib, administré ici à des doses largement inférieures à celles utilisées en cancérologie (150-300 mg vs 600-800 mg), a été très bien toléré, sans effets secondaires significatifs. De plus, il bénéficie aussi d’une cinétique intéressante puisqu’il franchit aisément la barrière hémato-encéphalique et pénètre mieux dans le cerveau que les antiparkinsoniens classiques.
Il n’en reste donc pas moins important désormais de passer à l’étape supérieure, en organisant des essais vs placebo sur des cohortes plus conséquentes de patients. Ou en testant d’autres inhibiteurs des tyrosine-kinases ayant des cibles proches. Le choix sera large.
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