La prévention des dangers des perturbateurs endocriniens est un enjeu de santé public, en particulier pour les nouveau-nés et les femmes enceintes. « En Nouvelle-Aquitaine, elle figure dans les priorités du PRSE, explique Christine Salavert-Grizet, secrétaire générale de cette URPS Pharmaciens. Aussi, quand l’ARS nous a sollicités pour travailler sur ce thème, nous avons accepté. »
Après un appel à candidature, un groupe de travail d’une douzaine de pharmaciens libéraux volontaires, répartis sur toute la grande région, s’est constitué. Ensemble ils ont suivi, en début d’année, deux réunions d’échanges et d’information, animées par une ingénieur conseil en santé et environnement de l’ARS : « Les perturbateurs endocriniens sont des substances auxquelles les pharmaciens ne sont pas forcément habitués et qui agissent très différemment des produits étudiés lors de nos cours de toxicologie (effets non dépendants des doses, mais de la durée d’exposition, de la répétition des expositions…) précise Christine Salavert-Grizet. De plus leurs conséquences ne se voient souvent que deux ou trois générations après. Comme le boom actuel des cancers du sein et de la prostate que l’on peut relier avec le DDT largement répandu après-guerre. »
D’autres rencontres ont permis au groupe de pharmaciens d’étudier les produits dangereux dans l’environnement du bébé ou de la future maman et de travailler sur les précautions à prendre : bannir tout plastique (biberon), les déodorants, les polluants domestiques, les insecticides, nettoyer la peau de bébé à l’eau et savon de Marseille, choisir des cosmétiques avec le moins de composants possibles… Des conseils qui peuvent parfois remettre en cause certaines pratiques commerciales de l’officine.
D’ici à l’été, le groupe pilote de pharmaciens va sélectionner et élaborer un ensemble de documents (flyers, affiches, livrets…) permettant d’apporter des réponses et des conseils concrets aux parents, futures mamans, et même, plus largement, aux femmes en âge de procréer. Ces outils seront testés auprès des équipes et des patients des officines pionnières. L’objectif est de les diffuser ensuite dans toutes les pharmacies de Nouvelle-Aquitaine, voire au-delà.
Mais les pharmaciens engagés dans cette démarche, soutenue financièrement et accompagnée par l’ARS, envisagent déjà d’autres actions : entretiens pharmaceutiques (rémunérés) sur la prévention et l’éducation à la santé des jeunes mamans et enfants ; ateliers nesting en officine, réunissant jeunes parents et professionnels de santé du secteur pour parler santé et environnement : « Comme toujours dans notre URPS, la dimension interprofessionnelle est présente, poursuit Christine Salavert-Grizet. Le travail et les outils réalisés sur les perturbateurs endocriniens seront partagés avec les médecins, infirmières, sages-femmes et kinésithérapeutes… En attendant, pourquoi pas en 2020, la création d’une appli pour smartphone. »
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