SANS SURPRISES, les traitements OTC du rhume ont répercuté la baisse enregistrée au cours des douze derniers mois par le marché global des voies respiratoires (rhume, maux de l’hiver, allergies saisonnières). L’hiver 2013/2014, exceptionnellement doux, s’est en effet montré particulièrement pauvre en syndromes grippaux. De ce fait, pratiquement tous les segments du champ OTC des traitements du rhume ont été impactés, la voie orale, notamment, qui génère près de la moitié des ventes du rayon et qui a cédé 15 % en valeur.
On y retrouve des formules à base d’antihistaminique et d’antalgique souvent secondées d’une présentation jour et nuit proposant deux types d’associations, vasoconstricteur/antalgique et antihistaminique/antalgique. La plupart sont portées par des marques historiques à forte notoriété : Actifed Rhume et Actifed Rhume jour & nuit chez Johnson & Johnson, Rhinadvil chez Pfizer Santé Familiale, Nurofen Rhume et Rhinureflex chez Reckitt Benckiser, ou encore, sur le versant homéopathique, Coryzalia de Boiron, Sinuspax de Lehning ou Infludo de Weleda…
Le contexte pathologique défavorable n’a cependant pas empêché le segment d’accueillir des nouveautés, parmi lesquelles se sont distinguées les présentations en sachet comme celle de Flustimex chez Biogaran ou celle d’Humexlib État Grippal (Urgo) qui cible les symptômes du rhume sans nez bouché. La formule qui associe antihistaminique, paracétamol et vitamine C vient compléter une gamme historique composée de plusieurs références dont deux sont vouées au traitement du rhume par voie orale (Humex Rhume, HumexLib). L’offre Humex entend donc répondre à tous les besoins des personnes atteintes de rhume et états grippaux, dont 60 % souffriraient de nez bouché, maux de tête, fatigue et bouche sèche, alors que 40 % cumuleraient éternuements, écoulement nasal et maux de tête.
Marques complices.
Avec la même association d’actifs - antihistaminique, paracétamol, vitamine C - et sous forme de sachet, le nouveau Doli État Grippal (Sanofi) vient se positionner en complément des autres références par voie orale (Dolirhume comprimés, Dolirhumepro) d’une gamme notoire vouée à prendre en charge les différentes manifestations liées au rhume et aux états grippaux. Les différents lancements du segment doivent s’accompagner, à l’automne, d’un solide plan de communication incluant publicité sur le lieu de vente et diffusion dans les médias. Des opérations grand public qui n’ont rien d’étonnant si l’on considère la dépendance du marché aux grandes marques qui l’occupent.
Ce lien solide qui existe entre les références à forte notoriété et le public s’est manifesté d’une façon inattendue ces derniers mois. Le médicament Fervex (marque UPSA - Bristol-Myers Squibb) en a été le témoin direct puisque sa formule, association d’antihistaminique, paracétamol et vitamine C, avec sucre, s’est trouvée en rupture de stock pendant tout l’hiver. Une présentation qui génère 80 % du chiffre d’affaires de la marque et que sert aussi la forme de poudre pour solution buvable à laquelle 30 % des consommateurs sont attachés. Un report des achats s’est alors opéré en faveur des références sans sucre de la gamme, mais l’ensemble du marché OTC du rhume, déjà ralenti par le contexte pathologique, a été impacté. « Les ventes ont surtout régressé dans les premiers mois de l’année 2014, jusqu’à plus de 20 % en janvier et en février, rapporte Céline Ghilardi, en charge de la marque chez UPSA. En revanche, dès que Fervex avec sucre a été de nouveau disponible, le rayon OTC du rhume a renoué avec la croissance. Au mois d’août dernier, peu propice aux pathologies, le marché a enregistré une hausse de 24 % à laquelle notre médicament a largement contribué. » Habitué à figurer parmi les meilleures ventes du marché, Fervex entend bien renforcer sa présence à l’officine et sa complicité avec le grand public par le biais d’une campagne télévisée programmée dès le mois d’octobre.
Tout comme le segment de la voie orale, les traitements locaux des manifestations du rhume ont pâti durant les douze derniers mois. Les décongestionnants nasaux, notamment, ont chuté de 18 % en valeur. Principalement vouées au traitement d’appoint du rhume et de la rhinopharyngite par l’administration d’antiseptiques, ces solutions viennent souvent s’inscrire en complément des traitements de voie orale. Elles peuvent être secondées de formules pour inhalation, un autre segment du marché dont les ventes ont baissé de 14 % en valeur. Ces produits, composés à base d’huiles essentielles et de substances végétales, se destinent à décongestionner les muqueuses des voies respiratoires. À citer, notamment, Nécyrane chez Pierre Fabre Santé, Rhinédrine chez Cooper, Euvanol Spray et Euvanol Inhalation chez Merck Médication Familiale, Humex Rhume solution nasale et Humex Inhaleur chez Urgo, Dolirhume Solution pour pulvérisation nasale et Dolirhume aux huiles essentielles chez Sanofi… Les associations d’essences végétales que dispensent, entre autres, Pérubore (Mayoly Spindler), Vicks Vaporub (en application cutanée ou en inhalation) et Vicks Inhaler (Procter & Gamble) ou encore Balsofumine (Sanofi Aventis) contribuent aussi au traitement du rhume.
La vague des eaux de mer.
Un seul segment, mais pas des moindres puisqu’il occupe 39 % du marché en valeur, a passé l’hiver et l’année sans encombres, affichant même un certain dynamisme au vu du contexte : il s’agit des solutions à pulvériser vouées au lavage et au désencombrement des fosses nasales, qui ont gagné 6 % en valeur durant les douze derniers mois. Une croissance a laquelle ont contribué les nombreux lancements effectués sur ce segment à l’instar du nouveau Actifed Air Spray, solution hypertonique conçue pour décongestionner le nez et les sinus.
Souvent composés à base d’eau de mer dont la concentration en sels minéraux et oligo-éléments varie selon la nature - hypertonique ou isotonique - de la solution, ces sprays sont facilement conseillés. Ils constituent en effet une des étapes dans la prise en charge du rhume et des affections respiratoires, mais sont aussi utilisés en prévention des épisodes pathologiques ou tout simplement dans un souci d’hygiène nasale quotidienne. En cela, ils coexistent avec toutes les formes d’administration du sérum physiologique. « Le segment du non-médicament s’est beaucoup développé », déclare Priscille Rosnet, chef de groupe OTC au sein des Laboratoires Urgo, en désignant notamment les solutions nasales au statut de dispositifs médicaux. « Plusieurs nouveautés dont les formules sont souvent enrichies en extraits végétaux ou en huiles essentielles, ont été récemment présentées. » La gamme Humer a ainsi accueilli une nouvelle référence Humer Nez très bouché qui propose une solution OTC pour les rhumes et les sinusites. La solution de glycérol additionnée de tanins de plantes revendique une action antiseptique, drainante et décongestionnante. Elle vient compléter une gamme composée de sprays isotoniques et hypertoniques pour adultes, enfants et nourrissons, tous composés à 100 % d’eau de mer non diluée, prélevée près des côtes bretonnes. « L’orientation naturelle de ces produits est une des raisons de leur succès. »
Il en est d’autres, comme celles avancées par Aurélia Livet, responsable marketing OTC en charge de la gamme Physiomer chez Sanofi : « Les solutions pour le lavage du nez ont un spectre d’utilisation beaucoup plus large que le seul contexte des pathologies de l’hiver. La recrudescence des manifestations allergiques liées à la pollution et aux allergènes offre aussi à ces produits un champ d’application étendu. » Le marché du rhume ne peut donc pas à lui seul revendiquer la paternité du segment, ce qui contribue au succès des sprays nasaux. Pour autant, la tendance de fond qui pousse les consommateurs à chercher dans les formules naturelles une alternative aux médicaments, n’est pas un leurre. Ainsi la gamme Physiomer insiste-t-elle sur la composition 100 % eau de mer de ses références destinées aux nourrissons, enfants et adultes.
Rhinotherm (Pierre Fabre Santé), pour sa part, revendique sa composition unique à base d’eau thermale de Luchon, naturellement riche en soufre, et souligne l’action bénéfique des eaux soufrées sur la muqueuse nasale : elles participent à la réduction des manifestations inflammatoires locales, contribuent à renforcer les capacités immunitaires de la muqueuse et favorisent la fluidification et l’élimination des sécrétions nasales. Le spray est secondé d’une solution Balsamorhinol aux trois huiles essentielles à utiliser pour humidifier la muqueuse ou pour laver nez. Chez Fumouze, les nombreuses références de la gamme Stérimar sont toutes composées d’eau de mer et enrichies pour certaines de cuivre, manganèse ou soufre, tandis que le spray nasal hypertonique Puressentiel (Laboratoire Puressentiel) est constitué d’eau de mer additionnée d’huiles essentielles. Solutions d’eau de mer, également, dans la gamme Vicks Eau de mer (Nez bouché, Enfants, Hygiène nasale) de Procter & Gamble, Physiodose (Fraîcheur mentholée, hypertonique, isotonique) du Laboratoire Gilbert, Fluimer de Zambon ou dans le Spray nasal décongestionnant Phytosun Aroms (Oméga-Pharma), alors que l’on trouve, sous la marque Prorhinel (Novartis Santé Familiale), des sprays aux pouvoirs antiseptique et fluidifiant.
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