ROULEAUX de printemps aux sauterelles, ganache au chocolat et aux larves, quiche aux vers de farine… Inutile de vous pincer, vous ne rêvez pas. Ces mets à base d’insectes sont bien réels, ils ont même été présentés, et consommés, lors d’une conférence organisée récemment par l’université de Wageningen (Pays-Bas). L’entomologiste Arnold van Huis y a défendu avec vigueur l’idée selon laquelle les insectes sont une source de protéine alternative à la viande, à la fois meilleure pour la santé et pour l’environnement.
Côté nutrition et écologie, les petites bébêtes ne seraient donc pas dépourvues d’arguments. Riches en protéines et pauvres en graisse, les insectes rejettent en effet peu de gaz à effet de serre et de lisier, et ne transmettent pas de maladies à l’humain qui les consomme. En outre, avec dix kilos de végétaux, on peut produire six à huit kilos d’insectes, contre un kilo de viande seulement. Voilà qui justifie les prévisions des spécialistes selon lesquelles moucherons, guêpes, termites et autres coccinelles remplaceront un jour la viande dans l’assiette de nombreux terriens. Et l’argument économique de renforcer la thèse : le Bug Mac (bug = insecte en anglais) remplacera le Big Mac devenu trop coûteux, dit en substance l’entomologiste. « Déjà environ 500 variétés d’insectes sont consommées au Mexique, 250 en Afrique et 180 en Chine, où ils sont souvent considérés comme des mets très délicats », rappelle Arnold van Huis.
Un dernier argument, culturel celui-là, pourrait pourtant poser problème à cette révolution annoncée de nos habitudes alimentaires. « Les gens croient que c’est sale, témoignent en effet les experts… Ils répugnent à tester le croquant d’une carapace de sauterelle ou le goût de noisette de certains scarabées. » Peut-être changeraient-ils d’avis s’ils savaient, comme le souligne une étude, que chacun d’entre nous mange, à son insu, en moyenne 500 grammes d’insectes par an, dissimulés dans de la confiture de framboises ou de la mie de pain…
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