Dans sa recommandation de bonne pratique publiée en avril dernier, la Haute Autorité de santé (HAS) mise sur l’amélioration de la prise en charge initiale des patients souffrant de lombalgie commune pour réduire le poids économique et social de cette pathologie, qui touche 84 % des Français au moins une fois au cours de leur vie (1).
L’accent est mis sur le repérage précoce des patients à risque de passage à la chronicité. C’est là tout l’enjeu de la prise en charge de la lombalgie, qui devient chronique (douleur pendant plus de 3 mois) ou récidivante dans 3 à 6 % des cas et constitue la première cause d’exclusion du travail avant l’âge de 45 ans.
Après avoir recherché un signe orientant vers une pathologie sous-jacente (drapeaux rouges), la première étape de la prise en charge se fonde sur la réassurance : dans 90 % des cas, la lombalgie aiguë se résorbe en moins de 6 semaines. Pas besoin de faire une imagerie en l’absence de signes d’alerte du fait de la non-corrélation anatomoclinique, ce qui doit être bien expliqué au patient.
Le traitement passe par le maintien d’une activité physique adaptée, et le patient doit donc être encouragé à poursuivre ses activités quotidiennes et professionnelles. Les antalgiques n’ont pas fait la preuve de leur efficacité sur l’évolution de la lombalgie, mais ils sont utiles pour leur action symptomatique. Il est recommandé de revoir la personne si les symptômes persistent 2 à 4 semaines après l’épisode initial afin de réévaluer le risque de passage à la chronicité.
Troubles émotionnels et représentations.
La HAS rappelle les indicateurs psychosociaux d’un risque accru d’évolution vers la chronicité (drapeaux jaunes) : problèmes émotionnels, tels que l’anxiété, la dépression et le stress, attitudes et représentations inappropriées par rapport au mal de dos (notamment douleur associée à la notion de danger ou de handicap grave ou comportement passif), comportements douloureux inappropriés, ou encore problèmes liés au travail (insatisfaction professionnelle par exemple).
La HAS précise de nouveau les facteurs de pronostic liés aux représentations perçues du travail et de l’environnement (drapeaux bleus), tels qu’une charge de travail physique élevée, le manque de soutien social ou la peur de la rechute, mais aussi ceux liés à la politique de l’entreprise et au système de soins et d’assurance (drapeaux noirs), tels que la politique de l’employeur empêchant la reprise progressive ou la durée de l’arrêt maladie.
En cas de lombalgie chronique ou à risque de chronicité il est utile d’envisager une prise en charge pluridisciplinaire, faisant intervenir, en fonction du besoin et des ressources locales, kinésithérapeute, rhumatologue, spécialiste de médecine physique et de réadaptation, médecin du travail, en veillant à la cohérence des propositions thérapeutiques. Chez les sujets ayant une lombalgie à risque de chronicité, la kinésithérapie est recommandée pour réaliser des exercices thérapeutiques adaptés,
qui seront poursuivis à domicile. La participation active du patient est essentielle.
(1) https://www.has-sante.fr/jcms/c_2961499/fr/prise-en-charge-du-patient-p…
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