« Nous avons montré récemment que, comparé au sujet sain, un patient ayant un diabète de type 1 ou à haut risque de développer ce diabète présente une perméabilité accrue de l’intestin. Parmi les facteurs modifiant la barrière intestinale et affectant l’activation immunitaire, le microbiote intestinal est actuellement le principal suspect », explique au « Quotidien » le Dr Lorenzo Piemonti de l’Institut de Recherche Diabétique de l’Hôpital San Raffaele à Milan, qui a dirigé les travaux publiés dans dans « The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism ».
Une analyse directe du duodénum
« De récentes études ont également observé une différence significative dans la composition du microbiote fécal chez les patients ayant un diabète de type 1 (ou auto-immun), poursuit-il. Notre avancée majeure vient de l’analyse directe du duodénum, au lieu de l’analyse des selles, et d’une corrélation entre la composition bactérienne et l’état inflammatoire de la muqueuse duodénale. En fait, il est logique de considérer un lien entre le duodénum et le pancréas, étant donné leurs étroites relations spatiales et fonctionnelles et leur irrigation sanguine commune. »
L’étude de Silvia, Valeria et coll. porte sur 54 participants qui ont subi une endoscopie gastroduodénale avec biopsie du duodenum, à titre volontaire (9 diabétiques) ou en raison d’une suspicion de maladie gastro-intestinale. Les participants se répartissent en 3 groupes : 19 atteints de diabète de type 1 ; 19 diagnostiqués avec une maladie coeliaque et 16 sujets trouvés sains après examens.
L’analyse montre que les patients diabétiques de type 1 (DT1) présentent dans leur muqueuse duodénale une surexpression de 10 gènes liés à l’inflammation (CCL13, CCL19, CCL22, CCR2, COX2, IL4R, CD68, PTX3, TNFalpha et VEGFA), comparés aux patients atteints de maladie coeliaque et sujets sains. L’analyse histologique confirme un état inflammatoire spécifique lié au DT1 et caractérisé par une infiltration de monocytes/macrophages. Enfin, le microbiome de la muqueuse duodénale des patients DT1 diffère ce celui des aute patients avec une augmentation des Firmicutes et une réduction des Protéobacteria et des Bacteroidetes. On observe en outre une association entre la surexpression de certains gènes inflammatoires dans le DT1 et l’abondance de certaines bactéries dans le duodenum. Par exemple, l’expression du VEGFA est inversement corrélée à la présence des Bacteroidetes et des Bacteroidia, et l’expression de la cytokine IL1beta est liée aux Firmicutes (Gemellales, Gemellaceae et Lachnospiraceae).
Cause ou conséquence ?
La muqueuse duodénale des patients DT1 montre les signes d’une inflammation chronique et latente et une composition microbienne spécifique.
Il reste à savoir si cette inflammation duodénale est cause ou conséquence du processus auto-immun, et comment elle est liée à l’altération du microbiote ou de la perméabilité intestinale. Pour y répondre, l’équipe envisage d’étudier des patients au stade préclinique du DT1. « Notre hypothèse est que ces changements pourraient constituer l’un des facteurs de causalité du DT1 », confie le Dr Piemonti. Une confirmation des mêmes altérations à la phase préclinique du diabète ouvrira la voie à de nouvelles approches thérapeutiques ciblant l’inflammation intestinale et le microbiote, avec les prebiotiques et probiotiques figurant parmi les candidats. »
The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 20 janvier 2017, Silvia et coll.
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