« Ce n'est pas la première fois que des chercheurs parviennent à éliminer le VIH dans des modèles animaux, indique au « Quotidien » Asier Sáez-Cirión, chercheur à l'institut Pasteur en commentaire de cette étude. Des résultats similaires ont notamment été observés chez des macaques grâce à un vaccin ciblant le cytomégalovirus. »
Des cas d'élimination du VIH chez l'homme
Aujourd'hui, les traitements antirétroviraux permettent aux patients d'avoir une charge virale indétectable. Toutefois, le virus reste à l'état latent dans des réservoirs situés au niveau notamment des ganglions lymphatiques, ce qui rend complexe son élimination complète. Chez l'homme, le phénomène a toutefois été rapporté chez des patients ayant eu une greffe de moelle osseuse.
Pour cette nouvelle étude, les chercheurs ont eu recours à des antirétroviraux utilisés en pratique courante. « Nous les avons transformés en nanocristaux pour permettre une diffusion plus lente du médicament et atteindre plus efficacement les réservoirs », explique au « Quotidien » Howard Gendelman, co-auteur de l'étude. Le traitement antirétroviral ainsi modifié, appelé LASER ART (Long-Acting Slow-Effective Release Antiviral Therapy), a été associé à l'utilisation de CRISPR-Cas9 afin d'exciser spécifiquement l'ADN du virus intégré au génome des cellules infectées (provirus).
« L'originalité de cette étude est d'avoir ciblé directement le provirus intégré. C'est une approche extrêmement complexe car il est difficile d'atteindre l'ensemble des provirus qui sont cachés un peu partout dans l'organisme, souligne Asier Sáez-Cirión. C'est la seule approche qui pourrait permettre de se débarrasser du virus sans éliminer toute la cellule infectée. »
Aucun virus détecté chez un tiers des souris
Utilisées indépendamment, ces deux stratégies ne sont pas suffisantes pour éliminer le virus. Mais leur combinaison montre que LASER ART, en contrôlant la réplication virale et en réduisant le nombre de copies de VIH-1 intégrées, améliore la capacité de CRISPR-Cas9 à éliminer l'ADN proviral intégré.
Ainsi, trois expériences indépendantes menées sur une vingtaine de souris humanisées infectées par le VIH ont montré que le virus a été éliminé des réservoirs chez près d'un tiers des animaux (9/23) traités à la fois par LASER ART et CRISPR-Cas9. « Nous avons eu recours à des moyens de détection très sensibles et n'avons trouvé aucun virus », précise Howard Gendelman.
« Le contrôle a été réalisé 8 semaines après l'interruption du traitement antirétroviral, il est possible qu'un rebond viral survienne à plus long terme », nuance Asier Sáez-Cirión.
Pas de dommages collatéraux
CRISPR-Cas9 a agi spécifiquement sur les séquences virales cibles, sans entraîner de dommages collatéraux. « A priori, la fonction des cellules ainsi débarrassées du virus ne devrait pas être altérée. Des analyses plus approfondies sont toutefois nécessaires », ajoute le chercheur.
Par ailleurs, les réservoirs de la souris ne sont pas identiques à ceux des hommes, les résultats ne sont donc pas transposables. « Il reste beaucoup d'interrogations, mais ce type d'avancée est très positif », conclut Asier Sáez-Cirión.
Howard Gendelman et son équipe espèrent que des essais chez l'homme pourront démarrer d'ici à quelques années.
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