« Notre étude suggère une nouvelle piste dans le traitement de la maladie de Parkinson », précise au « Quotidien » le Dr Clemens Scherzer, neurologue à la Harvard Medical School et au Brigham and Women’s Hospital de Boston.
L’étude qu’il a dirigée et dont les résultats sont publiés dans la revue « Science » montre que des agonistes β2-adrénergiques pourraient ralentir la progression de la maladie de Parkinson. « Ces composés et leur voie peuvent maintenant être rigoureusement évalués dans des essais cliniques chez les patients », poursuit le neurologue. Ces derniers « peuvent discuter de ces résultats avec leur neurologue, ajoute-t-il. Néanmoins, il est important de garder à l’esprit que des recherches supplémentaires et des essais cliniques sont nécessaires avant de pouvoir passer de ce résultat initial à un traitement pour les patients. »
Plus de 1 100 molécules criblées
On sait que la maladie de Parkinson est corrélée à l’accumulation d’alpha-synucléine agrégée dans les neurones du cerveau et qu’une mutation dupliquant le gène normal de l’alpha-synucléine est suffisante pour causer la forme familiale de la maladie. En recherche pharmacologique, l’approche consistait à faciliter l’élimination de l’alpha-synucléine du cerveau ou à prévenir ses effets en aval.
Une équipe de Boston s’est intéressée à une approche en amont : réduire l’expression du gène de l’alpha-synucléine (SNCA) dans l’espoir de ralentir l’évolution de la maladie. Elle a passé au crible plus de 1 100 médicaments, vitamines et suppléments diététiques, à la recherche de molécules pouvant être reconverties pour abaisser la production d’alpha-synucléine dans les neurones. Les chercheurs ont découvert avec surprise que les agonistes β2-adrénergiques (ex. salbutamol) réduisent l’expression du SNCA dans les neurones. À noter que le criblage a aussi identifié le riluzole, déjà approuvé pour traiter la sclérose latérale amyotrophique et qui, dans un modèle rat de la maladie de Parkinson, a été capable d’atténuer la neurodégénérescence. L’effet bénéfique d’un bêta2-mimétique (clenbuterol) a été confirmé dans un modèle murin de la maladie de Parkinson, ainsi que sur des cellules souches neuronales de patients affectés de forme familiale.
Des données de 4 millions de Norvégiens
Enfin, et c’est peut-être l’aspect le plus important de l’étude, en collaborant avec l’université de Bergen en Norvège, l’équipe a analysé les données médicales de la population norvégienne (4 millions de personnes) sur une période de 11 ans. Après ajustement pour l’âge et l’éducation, les patients (plus de 600 000) ayant pris le salbutamol (anti-asthmatique pénétrant le cerveau) ont un risque de développer la maladie de Parkinson abaissé d’un tiers (RR = 0,66; IC 95 % : 0,58 a 0,76), avec une protection proportionnelle à la dose cumulée. Inversement, les patients traités par propanolol - un bêta-bloquant antihypertenseur qui s’avère augmenter la production d’alpha-synucléine dans les cellules in vitro - ont un risque accru (RR = 2,2; IC 95 % : 1,62 a 3).
« Nous évaluons maintenant d’autres modèles rongeurs de la maladie de Parkinson et nous cherchons à préciser les composantes de la voie thérapeutique. Nous travaillons aussi pour mettre au point des essais cliniques ; il nous faut concevoir des essais plus précis que dans le passé, en recourant à une approche de médecine de précision et des biomarqueurs », confie le Dr Scherzer.
Science 1er septembre 2017, Mittal et coll., Evan Snyder
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques