Comment effectuer un tatouage ou un détatouage, avec quels produits, chez quelles personnes faut-il contre-indiquer ces pratiques ?
Pour sécuriser ces actes, le Haut conseil de santé publique (HCSP) a émis 45 recommandations. Parmi celles-ci, l'instance recommande, notamment pour les mineurs, de n’autoriser l’acte de tatouage qu’à partir de 16 ans avec le consentement écrit du titulaire de l’autorité parentale, et de limiter la zone et la surface globale du tatouage. Par ailleurs, le HCSP recommande de créer un « carnet des interventions » à remettre aux clients où chaque acte de tatouage et de détatouage sera noté avec les constituants ou matériels utilisés. Pour le détatouage, il recommande d’interdire toute utilisation de produits chimiques et de réserver cet acte aux médecins, avec recours exclusif au laser adapté à cet acte.
Si l’instance a été saisie par la Direction générale de la santé pour émettre des recommandations sur le sujet, c’est car le tatouage et le détatouage ne sont pas sans risque. De plus, la pratique de tatouage est en très forte progression : en 2016 en France, 14 % des Français étaient porteurs d’un tatouage (versus 10 % en 2010) et 26 % dans la tranche d’âge des 18-24 ans.
Le laser pour les détatouages
Actuellement seulement une petite fraction des personnes tatouées procède à des détatouages, même si diverses études ont montré qu’environ 20 % d'entre elles regrettent au moins un de leurs tatouages. Mais chez ces « déçus », moins d’un sur deux pense au détatouage.
Si le laser est la méthode de choix de détatouage, on observe, depuis quelques années, des offres avec des produits chimiques, potentiellement à risque, présentées comme moins douloureuses et moins coûteuses. Leur principe repose sur une brûlure superficielle de la peau, un éclatement des billes d’encre, ou une évacuation de l’encre via une abrasion liminaire de la peau. Elles sont souvent réalisées dans des salons de tatouage ou d’esthétique, en espace privé. Aujourd’hui, le HCSP ne recommande pas ces techniques chimiques. Seul le laser, réalisé par un professionnel de santé, doit être utilisé. Cependant, les choses pourraient évoluer à l’avenir. L’instance demande en effet que soient réalisées « des études de sécurité et de toxicologie sur les produits pouvant potentiellement être proposés lors de séances de détatouage chimique ».
Les risques du tatouage
Côté risque, l’incidence des complications réelles des tatouages est très peu connue, faute d’un dispositif de surveillance adapté. Selon la littérature, elle serait estimée à 0,02 %. Globalement, on recense des risques infectieux liés à l’effraction cutanée : il peut s’agir d’infections bactériennes - locales ou générales - ou virale (VHC, VHB). Quant aux autres réactions, on recense des allergies et une toxicité à court, moyen et long termes, liées à l’injection des substances. Les réactions allergiques sont observées essentiellement avec les tatouages rouges. Les tatouages noirs sont quant à eux plus souvent associés à des nodules et à la formation de corps étrangers par agrégation des pigments. Des dermatoses peuvent également être observées sur les tatouages.
Pour le détatouage laser, les complications se résument surtout aux cicatrices souvent atrophiques. L’autre complication est l’exaspération du patient qui pensait que quelques séances suffiraient et qui doit subir jusqu’à 12 ou 13 séances, sans compter le facteur financier. Enfin, concernant le détatouage par les méthodes chimiques (injection de produits comme l’acide lactique par exemple), des complications cicatricielles importantes commencent à apparaître.
Une discussion qui s'impose
Face à l’ensemble de ces risques, des contre-indications ou des situations nécessitant une discussion en amont de l’acte de tatouage ont été identifiées. Cette discussion s'impose chez les femmes enceintes, les patients atteints d’hépatite B ou C (une vaccination contre l’hépatite B est fortement recommandée avant un tatouage), d'hémophilie ou sous traitement anticoagulant, les patients allergiques à l’une des substances utilisées lors du tatouage (encres, pigments, métaux, latex), en cas d’insuffisance rénale, de diabète, de maladie du cœur, de maladie auto-immune, de personnes séropositives pour le VIH, de sujets sensibles aux poussées d’herpès cutanéomuqueux.
Pour les patients avec une dermatose chronique, il est recommandé de les prévenir des possibles risques de localisation de leur dermatose sur tatouage. Tout patient présentant une pathologie chronique ou une immunodépression doit prendre contact avec son médecin pour discuter de la possibilité de se faire tatouer.
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