Bénéfices du dépistage du cancer colorectal à 45 ans ; baisse de l’incidence des cancers digestifs (et de certains autres cancers) par la prise d’aspirine à long terme ; et diminution de 22% de l’incidence des cancers gastriques après 60 ans par l’éradication d’Helicobacter pylori. Tels sont les résultats majeurs présentés lors du congrès de l’UEG.
Dépistage du cancer colorectal : débuter à 45 ans
En France le dépistage du cancer colorectal débute à 50 ans (et se poursuit jusqu’à 74 ans). Mais une équipe française, menée par le Dr David Karsenti, gastro-entérologue à la clinique de Bercy, à Charenton le Pont, a montré qu’abaisser ce seuil à 45 ans permettrait de mieux dépister polypes, adénomes et néoplasies. Cette étude prospective monocentrique a utilisé les résultats de 6 027 coloscopies (réalisées chez 3 308 femmes et 2 719 hommes, de 57 ans d’âge moyen). L’équipe de chercheurs français a constaté une augmentation de 400 % dans la détection des néoplasies chez les patients âgés de 45 à 49 ans, par rapport aux patients de 40 à 44 ans. Une augmentation, quoique plus faible, a aussi été constatée dans le nombre moyen de polypes (95,8 % d’augmentation) et le taux de détection des adénomes (+95,4 %) entre le groupe de 40-44 ans et celui de 45-49 ans. C’est donc à partir de 45 ans qu’on peut observer une augmentation massive de la détection des lésions colorectales (surtout pour ce qui concerne les néoplasies précoces). Cette augmentation est observée même quand les patients présentant des antécédents personnels ou familiaux de polypes ou de cancer sont exclus de l’étude.
Éradiquer H. pylori : 22 % de cancers gastriques en moins
Une étude de cohorte rétrospective, hongkongaise cette fois-ci, a été menée chez 63 397 personnes, traitées pour infection à Helicobacter pylori. On savait en effet que l’éradication d’H. pylori réduisait le risque de développer un cancer gastrique mais les données manquaient sur le bénéfice chez une population âgée. Dans cette cohorte, les patients infectés par H. pylori ont reçu un traitement antibiotique à base de clarithromycine, pendant au moins une semaine, entre 2003 et 2012. Les sujets ayant déjà subi une gastrectomie, ayant déjà été traités pour cancer gastrique ou chez lesquels le traitement antibiotique n’avait pas été efficace ont été exclus de l’étude. L’équipe hongkongaise a montré que, parmi les patients de plus de 60 ans traités pour leur infection, 0,8 % avait développé un cancer gastrique. Un chiffre à comparer avec les 1,1 % en population générale (obtenu d’après le registre hongkongais du cancer). La baisse de l’incidence, chez les patients sexagénaires et plus chez lesquels H. pylori avait été éradiquée, est donc de 22 %.
Aspirine à long terme : 47 % de cancers de l’œsophage et du foie en moins
Une autre étude de cohorte, hongkongaise à nouveau, a impliqué 618 884 personnes. Parmi elles, 206 295 étaient dans le groupe des consommateurs d’aspirine (de l’aspirine leur avait été prescrite pendant au moins 6 mois – mais sur une durée moyenne de 7,7 ans sur 14 ans), et 412 589 autres étaient dans le groupe non consommateurs d’aspirine. Les âges moyens étaient similaires dans les deux groupes (67,5 ans et 67,6 ans). Dans le groupe « aspirine », par rapport au groupe « non-aspirine », l’incidence était inférieure de 47 % pour les cancers de l’œsophage et du foie, de 38 % des cancers de l’estomac et de 34 % des cancers pancréatiques et de 24 % des cancers colorectaux. Les chercheurs ont aussi évalué la baisse de l’incidence pour des cancers hors de la sphère digestive : une réduction significative a été observée pour certains comme la leucémie (-24 %), le cancer du poumon (-35 %), et de la prostate (-14 %), mais pas pour d’autres (sein, vessie, rein, myélome multiple).
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