Les 19 officines de Pessac, en banlieue bordelaise, engagées dans le dépistage des AVC, ont livré leurs résultats définitifs. Cette expérimentation a permis de tester 1 900 personnes de plus de 65 ans.
Parmi elles, 2 % de fibrillations ventriculaires non connues auparavant, ont été détectées. « C’est inférieur à ce que nous pensions, explique François Rouanet, neurologue au CHU de Bordeaux et co-initiateur de l’opération. Nous attendions un chiffre entre 2 et 4 %, mais Pessac est une ville où les patients sont très bien suivis. On y trouve en effet de nombreux cardiologues et l’hôpital cardiologique Haut-Lévêque. »
Après avoir étudié plusieurs dispositifs, l’opération a opté pour le bâton « MyDiagnostick »* pour tester la régularité du rythme cardiaque d’un patient en une minute et sans aucune préparation. Chaque patient positif était ensuite adressé à son médecin traitant, mais ce circuit a nécessité des aménagements : « Nous avons près d’un tiers de faux positifs liés à des parasites, indique François Rouanet, et au vu du tracé de l’électrocardiogramme de ces faux positifs, certains médecins se sont montrés « agacés ». Aussi, nous avons changé de procédure. »
Transmission par messagerie sécurisée
Désormais, chaque tracé positif est transmis en temps réel à l’équipe de neurologues du CHU de Bordeaux (10 sollicitations par jour en moyenne) via la messagerie sécurisée PAACO/Globule**. Et seuls les vrais positifs non préalablement dépistés, sont adressés à leur médecin traitant.
Dans le même temps, l’expérimentation s’est étendue à une vingtaine d’officines du Médoc (zone rurale en proie à la désertification médicale), 11 officines d’Arcachon, et elle devrait démarrer en fin d’année dans la ville de Saint-Médard-en-Jalles.
Ensuite, elle donnera lieu à une publication scientifique avant d’envisager un développement national qui pourrait alors s’appuyer sur une plateforme de télémédecine chargée de la lecture des tracés positifs.
Une sale matinée
Initiateurs de l’opération, François Rouanet et Stéphane Olindo, neurologues au CHU de Bordeaux, se souviennent d’avoir eu cette idée après une « sale matinée » au CHU : « Nous avions eu 4 AVC graves dont les fibrillations auriculaires n’étaient pas connues. Nous nous sommes dit qu’il y avait quelque chose à faire en matière de dépistage. Mais où intervenir ? Dans les commerces, les cinémas, les mairies ? Alors nous avons pensé aux pharmacies car il était important de se trouver dans un environnement de santé. Nous en avons parlé à François Martial, président de l’URPS pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine. Il a sauté de joie ! »
L’URPS a immédiatement mis en place cette expérimentation, avec le soutien de l’ARS : « 50 % des patients ayant une arythmie cardiaque n’en ont pas connaissance et ne sont pas sous anticoagulants, explique François Martial. Avec le dépistage, nous évitons des AVC graves, contribuons à sauver des vies et à diminuer les dépenses de notre système de santé. Faire ce test est totalement dans le rôle du pharmacien et il impulse une vraie coordination interprofessionnelle. »
* Coût à l’unité 600 €.
** Logiciel collaboratif régional et communicant, accessible en mobilité sur smartphones et tablettes destiné à la coordination des parcours de santé et aux échanges sécurisés entre professionnels de santé.
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