LA DENGUE, la plus fréquente des maladies virales transmises par les moustiques, est en expansion dans le monde. Deux cinquième de la population mondiale sont désormais exposés au risque et l’on estime qu’il pourrait y avoir entre 50 et 100 millions de cas de dengue par an. Or il n’existe à ce jour aucun vaccin disponible malgré les efforts de développement.
Le virus de la dengue circule sous quatre sérotypes et l’infection par un sérotype ne confère pas d’immunité protectrice contre les autres, si bien que les infections secondaires sont fréquentes. Celles-ci majorent le risque de forme grave avec complication hémorragique.
Pour expliquer la sévérité accrue dans les infections secondaires, la théorie des anticorps facilitant a été proposée (Halstead, 1977) ; les anticorps acquis durant la primo-infection faciliteraient la pénétration du second virus dans les cellules porteuses du récepteur Fc tels les monocytes – un site majeur de réplication du virus de la dengue (DENV) – ce qui conduirait à une augmentation de la réplication virale.
Anticorps de sept individus infectés.
Dans une étude publiée par la revue « Science », une équipe de chercheurs anglais et thaïlandais dirigée par le Dr Gavin Screaton (Imperial College London) a caractérisé pour la première fois la réponse sérologique contre le virus de la dengue, en utilisant les anticorps (Ac) monoclonaux produits par les cellules B de sept individus infectés.
Leurs résultats montrent que les anticorps dirigés contre la protéine d’enveloppe prM (précurseur intracellulaire de la protéine M du virion) représentent une composante majeure de la réponse immune.
Ces Ac anti-prM montrent une réaction croisée contre les quatre sérotypes du virus de la dengue, mais ne réagissent pas contre le virus de l’encéphalite japonaise (JEV). Ils se révèlent incapables, en général, de neutraliser complètement l’infection, et ils aident en outre le virus à infecter davantage de cellules.
L’étude suggère ainsi que, lorsqu’une personne est infectée une seconde fois avec un autre sérotype du virus de la dengue, les anti?corps prM acquis durant la primo-infection entrent à nouveau en action. Cependant, plutôt que de protéger l’hôte contre la seconde infection, ces anticorps anti-prM aident le virus à s’établir. Ce qui pourrait expliquer pourquoi une seconde infection par un virus de sérotype différent peut causer une maladie plus sévère que la primo-infection.
Minimiser la réponse anti-prM.
Cet éclairage a des implications pour le développement vaccinal. La plupart des vaccins candidats actuels contre le virus de la dengue contiennent des séquences prM du virus de la dengue. Mais, à la lumière de leurs résultats, les chercheurs préconisent de développer plutôt des vaccins contre la dengue qui minimisent la réponse anti-prM. Ainsi, ils suggèrent l’approche d’un vaccin atténué reposant sur un virus chimérique contenant des séquences prM flavivirales, qui n’entraînerait pas de telles réponses anti-prM croisées. Il reste à savoir toutefois si la fabrication d’un tel virus chimérique est possible.
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