La diphtérie resta longtemps l’une des maladies infectieuses les plus redoutées par le risque ventilatoire associé aux fausses-membranes laryngées mais aussi par ses complications cardiaques et neurologiques. Ainsi, une épidémie qui ravagea la Nouvelle-Angleterre entre 1735 et 1740 eut raison de plus de 80 % des enfants de moins de dix ans. En 1878, cette infection tua la princesse Alice, seconde fille de la reine Victoria, et la princesse Marie, l’une de ses petites-filles. Dans les années 1920 encore, près de 200 000 cas étaient diagnostiqués chaque année aux États-Unis, entraînant entre 13 000 et 15 000 décès. L’un des premiers traitements fut imaginé dans les années 1850 par le pédiatre Eugène Bouchut (1818-1891) qui recourut à des tubages laryngés, perfectionnés dans les années 1880 par un Américain, Joseph O’Dwyer (1841-1889) : cette technique empêchait les fausses-membranes d’obstruer les voies aériennes supérieures et le patient de décéder par suffocation.
Le bacille de Löffler-Klebs
La bactérie à l’origine de la diphtérie fut décrite en 1883 par le biologiste allemand Theodor Klebs (1834-1913) : initialement connue comme « bacille de Löffler-Klebs », elle l’est aujourd’hui sous le nom de Corynebacterium diphteriae. L’année suivante, un microbiologiste allemand, Friedrich Löffler (1852-1915) parvint à la cultiver, à l’isoler et à l’injecter à des animaux. Ayant constaté sur ceux qui étaient morts à la suite de cette inoculation, que les bacilles demeuraient proches du site d'inoculation, il soupçonna que ce germe devait « sécréter un poison, une toxine, qui, elle, ne reste pas in loco, mais envahit tous les organes vitaux du corps ». Ce furent toutefois Émile Roux (1853-1933) et Alexandre Yersin (1863-1943) qui prouvèrent en 1888 que la maladie résultait de l’action d’une toxine sécrétée par le germe. En 1890, le médecin allemand Emil von Behring (1854-1917) et son associé japonais, Shibasaburo Kitasatō (1853-1931), constatèrent que l’infection induisait la production d’une « antitoxine » physiologique qui, bien qu’incapable de tuer la bactérie, neutralisait la toxine responsable de la nécrose de la muqueuse de l’arrière-gorge (entre autres), réalisant ainsi une protection passive qui fut testée avec succès sur une patiente sévèrement atteinte en 1891. Ce traitement par sérothérapie, produit sur des chevaux, réduisit la mortalité d’environ 75 % à 15 %, et valut à von Behring le Prix Nobel de Médecine 1901 (Kitasatō se contentant d’être nominé…). À la même période, deux bactériologistes Américains, William H. Park (1863-1939) et Anna W. Williams (1863-1954), développèrent un traitement similaire mais restent quasiment inconnus de l’histoire de la médecine…
Von Behring conçut un vaccin contre la diphtérie en 1913 mais celui-ci se montra peu actif. Il fallut attendre encore dix ans pour voir développé le premier vaccin efficace, après qu’une anatoxine diphtérique a pu être créée : il s’agissait d’une toxine inactivée par le formol selon une technique mise au point indépendamment aux États-Unis par Alexander T. Glenny (1882-1965) et, en France, par Gaston Ramon (1886-1963) - auteur du premier vaccin antidiphtérique -.
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