Même si la première « pilule du lendemain » a déjà 20 ans, la contraception d’urgence (CU) reste mal connue, notamment des jeunes, comme l’a montré une récente étude publiée par Santé Publique France. S’ils connaissent son existence, les imprécisions et les idées fausses sur des points importants (délai d’utilisation, risques) sont fréquentes dans cette tranche d’âge. Plus de la moitié des jeunes femmes considèrent ainsi que les pilules dites du lendemain sont dangereuses et 40 % pensent qu’elles ne sont efficaces que si elles sont prises dans les 24 heures après le rapport non ou mal protégé. Seulement 1 % des personnes interrogées savent que le délai maximal d’utilisation est de 5 jours et moins de 17 % l’estiment à 72 heures. « L’appellation « pilule du lendemain », est trompeuse et bien ancrée dans les esprits. Mieux vaut parler de contraception d’urgence ou de rattrapage », suggère Isabelle Asselin, médecin orthopédique, présidente de l’Association universitaire de recherche, d’enseignement et d’information pour la promotion de la santé sexuelle (Caen). « De plus, il existe aussi la pilule contraceptive et la pilule abortive, ça fait beaucoup. Les confusions s’expliquent. »
Quatre questions
C’est cette méconnaissance qui a incité le ministère de la Santé et Santé Publique France à lancer sur les réseaux sociaux, en juillet dernier, une campagne d’information ciblant particulièrement les 18-25 ans. Mais cette initiative n’a certainement pas suffi à clarifier les choses. Au quotidien, les pharmaciens, plus accessibles dans l’urgence que les médecins, ont donc un grand rôle d’information à jouer. 90 % des contraceptifs d’urgence sont en effet délivrés en officine. « Pas de rendez-vous et pas de prescription, c’est un endroit privilégié mais le sujet reste tabou. Aussi faut-il l’aborder avec prudence, plutôt dans un espace de confidentialité mais pas forcément car certaines personnes y sont mal à l’aise. En pesant ses mots et en commençant l’entretien par quelques questions fermées. Primo, « est-ce pour vous-même ? » (sachant que délivrer la CU au copain, à la copine ou à la maman est autorisé). Secundo, « de quand date le rapport à risque ? » Tertio, « prenez-vous une contraception régulière ? ». Quarto, « que s’est-il passé ? » (oubli de pilule, rupture de préservatif…) », conseille Marion Chevrier, pharmacienne à Nantes. « Ces quatre questions permettent de choisir la CU la plus adaptée. L’absence de remboursement hors prescription n’est pas un frein car le prix n’est pas très élevé. »
Surtout ne pas émettre de jugement moral (même si ce n’est pas la première demande) mais, au contraire, avoir une attitude bienveillante et encourageante car, en voulant rattraper vite une erreur, la jeune femme a eu une attitude responsable. C’est essentiel, mais donner des informations est une obligation, ajoute Marion Chevrier. Au besoin en s’appuyant sur de la documentation. Selon les cas, rappeler que la pilule dite du lendemain n’est pas une méthode contraceptive régulière. Préciser qu’en cas de vomissements dans les 3 heures, il est indispensable de reprendre un comprimé. Expliquer que la CU n’est pas une pilule abortive : elle décale l’ovulation et empêche ainsi la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. Corriger aussi les idées reçues : prendre plusieurs fois une CU n’est pas mauvais pour la santé ; elle n’augmente pas le risque de thrombose veineuse puisqu’elle ne contient pas d’œstrogènes ; elle ne rend pas stérile, n’accroît pas non plus le risque de fausse-couche spontanée et de grossesse extra-utérine à l’avenir. Et inciter à la vigilance pour guetter un éventuel retard des règles. Pour finir, insister, en cas de contraception régulière, sur l’intérêt de demander à son médecin la prescription d’une contraception d’urgence (remboursée dans ce cas) de façon à en disposer sans tarder en cas d’oubli de pilule.
* D’après le Focus sur la contraception organisé par GPSanté.
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