Quelques définitions
Oreille : d’un point de vue anatomique, l’oreille peut être représentée en trois parties ; l’oreille externe correspond à la partie visible (cartilagineuse), avec le conduit auditif, le pavillon et le lobe. L’oreille moyenne comprend la caisse du tympan, la trompe d’Eustache et les osselets de l’ouïe (marteau, enclume et étrier). Dans l’oreille interne, on retrouve le vestibule et la cochlée.
Tympan : membrane qui sépare l’oreille externe de l’oreille moyenne.
Cérumen : sécrétion grasse des glandes sébacées situées dans le conduit auditif externe. Il permet de piéger les particules étrangères.
Otalgie ou otodynie : douleur de l’oreille.
Otite : inflammation de l’oreille. Selon sa localisation, on distingue l’otite moyenne (inflammation de la caisse du tympan) ou l’otite externe (inflammation du conduit auditif).
Otite barotraumatique : inflammation de l’oreille moyenne causée par une variation brusque de la pression extérieure.
Otorrhée : écoulement liquide par l’oreille.
Névralgie : douleurs spontanées ou provoquées siégeant sur le trajet des nerfs.
Émail dentaire : tissu dentaire externe, dur.
Dentine : tissu dentaire plus souple que l’émail qui la recouvre, et composé d’hydroxyapatites, de matière organique et d’eau.
Pulpe dentaire : partie la plus interne de la dent, dans la cavité de la dentine. C’est aussi la partie vivante et sensible, vascularisée et innervée.
Plaque dentaire bactérienne : substance blanchâtre qui se dépose à la surface de la dent. Elle est essentiellement constituée de protéines salivaires, de restes alimentaires (sucres), de bactéries et des toxines secrétées par ces dernières. Elle constitue un milieu propice à la formation de caries.
Tartre : produit résultant de la minéralisation de la plaque dentaire.
Carie dentaire : cavité d’origine bactérienne qui se forme dans la dent et provoque une destruction progressive de celle-ci. Elle évolue toujours de l’extérieur vers l’intérieur, de l’émail vers la pulpe.
Physiopathologie des douleurs auriculaires
L’otite externe correspond à une infection/inflammation cutanée siégeant au niveau du conduit auditif externe (CAE). Surnommée otite des baigneurs dans les pays anglo-saxons, on l’observe à tous les âges, chez les hommes comme chez les femmes. La recherche d’un comportement à risque tel qu’une baignade en étang ou en piscine, l’utilisation excessive de cotons tiges ou de bouchons d’oreille et le port de prothèse auditive oriente le diagnostic. L’eczéma du CAE est également un facteur de risque. L’otite externe est favorisée par la chaleur et l’humidité, par la macération dans le conduit auditif (après une baignade), par un nettoyage répété et agressif du conduit auditif, ou encore par une sécrétion insuffisante de cérumen. Ces facteurs contribuent à altérer le film lipidique protecteur et à créer un œdème au niveau du CAE. La modification de l’équilibre du milieu (modification du pH) favorise ainsi la prolifération microbienne. La douleur est toujours présente, généralement unilatérale et violente, accentuée à la traction du pavillon. Le patient a la sensation d’avoir l’oreille bouchée. Une otorrhée fétide peut être observée.
Le traitement comporte un antalgique associé à un traitement local auriculaire antibiotique (ou anti-mycosique s’il s’agit d’une mycose) et anti-inflammatoire (corticoïde). Généralement sans gravité, cette otite peut entraîner des complications chez les patients diabétiques et immunodéprimés. Dans ce cas, une antibiothérapie générale peut être nécessaire.
L’otite moyenne aiguë est très fréquente chez le nourrisson et l’enfant. Elle est généralement d’origine infectieuse (virale dans 80 à 90 % des cas), et survient dans un contexte de rhinopharyngite. Elle se manifeste par une douleur et de la fièvre. Le diagnostic repose sur l’examen du tympan, qui apparaît épaissi et bombé en raison d’un épanchement (présence anormale de liquide). Une otorrhée est parfois observée. Cette affection doit toujours être évoquée en présence d’une conjonctivite purulente (hæmophilus influenzae). Le traitement de la douleur repose sur des antalgiques par voie générale (paracétamol en première intention). Un traitement antibiotique n’est pas systématique du fait de l’évolution généralement favorable de l’otite. Il est conseillé de moucher l’enfant avec du sérum physiologique.
Enfin, certaines douleurs auriculaires ont une origine dentaire, dans le cas d’une percée ou d’une infection des dents de sagesse, par exemple. Ces douleurs sont d’ordre névralgique ; la douleur est projetée jusqu’à l’oreille par l’intermédiaire des nerfs crâniens (trijumeau).
Physiopathologie des douleurs dentaires
Les douleurs dentaires peuvent être de causes diverses. Les plus fréquentes sont :
- Le signe du collet : la douleur apparaît quand le collet n’est plus protégé par la gencive. Elle est brève, augmentée par le contact de la chaleur, du froid ou de la brosse à dent ;
- La carie : lorsqu’elle atteint la pulpe, elle provoque une douleur lancinante et pulsative ;
- L’abcès dentaire : la douleur d’origine infectieuse est vive, insupportable. D’autres signes cliniques comme la fièvre ou un gonflement et une rougeur de la joue peuvent être observés ;
- La gingivite : il s’agit d’une inflammation des gencives se traduisant par une tuméfaction, des rougeurs et des saignements. La gencive se rétracte. Les adolescents et les femmes enceintes sont plus exposés. La cause principale est un défaut d’hygiène buccale. Le traitement consiste à éliminer la plaque dentaire et le tartre. Le risque de complication est la parodontite, et le déchaussement de la dent ;
- La parodontite : elle correspond à l’inflammation du parodonte (tissu de soutien des dents constitué de l’os de la mâchoire et de la gencive). C’est une complication de la gingivite. Non prise en charge, elle entraîne un déchaussement des dents. Le diabète, une carence en vitamines ou la ménopause sont des facteurs de risque ;
- La sinusite maxillaire : l’inflammation associée ou non à une infection des sinus peut provoquer des douleurs dentaires. À l’inverse, une sinusite peut avoir une étiologie dentaire, en particulier si elle n’a pas été précédée d’une rhinopharyngite. Une radiographie est nécessaire. En cas de sinusite bactérienne, le traitement est antibiotique ;
- Prothèse dentaire mal positionnée.
Les mots du conseil
Stop à l’agression des oreilles !
L’hygiène auriculaire est importante mais les procédés utilisés sont souvent inadaptés. Une règle est à retenir : ne rien introduire dans le conduit auditif externe. Le coton-tige n’est pas recommandé. Il a pour effet de repousser le cérumen au fond du conduit. Généralement, le contact avec l’eau tiède lors de la douche ou du bain est suffisant pour débarrasser l’oreille des salissures. L’entrée du conduit doit être essuyée et séchée avec du coton ou avec une serviette, en penchant la tête d’un côté puis de l’autre pour favoriser l’écoulement vers l’extérieur. Cette démarche est également recommandée après la baignade en piscine ou en mer. Les solutions d’eau de mer peuvent être proposées pour l’hygiène des oreilles, en particulier chez les sujets porteurs de prothèses auditives. Attention, ces produits ne doivent pas être utilisés en cas d’otalgie ou d’otite.
Un nettoyage du nez pour le confort de l’oreille
Le nettoyage des fosses nasales avec du sérum physiologique chez les enfants ou le mouchage chez les plus grands sont recommandés pour limiter la propagation des germes par les trompes d’Eustache, notamment au cours d’un épisode de rhinopharyngite.
À propos de la méthode de Valsalva
Dans l’avion, en altitude ou dans un tunnel, plusieurs solutions existent pour rééquilibrer les pressions externes et internes :
- L’utilisation de chewing-gum ;
- Le bâillement ;
- La méthode de Valsalva : elle consiste à se boucher le nez, bouche fermée, tout en essayant d’expirer. Elle permet de faire remonter l’air dans l’oreille moyenne par la trompe d’Eustache.
L’hygiène buccodentaire en priorité
Le premier conseil consiste à sensibiliser à l’hygiène dentaire et à l’importance d’un suivi odontologique régulier, au moins tous les 6 mois. Le pharmacien peut accompagner le patient dans cette démarche, en proposant des produits adaptés assortis de conseils alimentaires appropriés. Les femmes enceintes, les adolescents et certains patients chroniques (cancer, diabète) sont particulièrement à risque. Le conseil en hygiène buccodentaire est aussi l’occasion d’évoquer le sevrage tabagique.
Les produits du conseil
Les antalgiques : le paracétamol est le traitement de première intention, chez l’enfant comme chez l’adulte. Pour les douleurs dentaires, les associations de paracétamol avec d’autres principes actifs antalgiques tels que la codéine et la caféine (Prontalgine), sont utiles en seconde intention, en cas de non-soulagement de la douleur. Bien qu’indiqués dans les douleurs dentaires, les AINS (ibuprofène) ne doivent pas être conseillés sans avis médical. La douleur liée à un abcès peut être soulagée par l’application sur la joue d’une poche de glace entourée d’un linge. En cas d’otalgie, l’ibuprofène ou l’aspirine peuvent être proposés en seconde intention.
Les bains de bouche : ils contiennent un agent anti-infectieux (chlorhexidine, hexétidine). Le chlorobutanol et l’eugénol possèdent également une activité légèrement analgésique.
Le traitement homéopathique des douleurs dentaires : il repose principalement sur chamomilla en cas de poussées dentaires (CAMILIA).
Les solutions ou gels dentaires : ils associent des actifs aux propriétés apaisantes (guimauve et camomille), ou un anesthésique local (amyléine) seul ou en association avec le lévomenthol (DENTOBAUME).
Les solutions pour soulager les otalgies : dans tous les cas, elles ne doivent pas être utilisées en cas de perforation tympanique. Utilisées en bain d’oreille, ces solutions contiennent un anesthésiant local (lidocaïne, procaïne, tétracaïne), associé à un analgésique anti-inflammatoire (phénazone), à un antiseptique (hexamidine) ou à un vasoconstricteur (éphédrine). Il est recommandé de réchauffer le flacon entre les mains avant l’administration. Les sportifs doivent être prévenus du risque de réaction positive en cas de contrôle antidopage.
Le traitement homéopathique des otalgies : on peut citer le complexe Lehning 26 (Hyperium, arnica…). Pour les otites aiguës, il est conseillé de prendre belladona, capsicum annum et ferrum phosphoricum. Pour l’otite séromuqueuse, mercurius dulcis peut être proposé. Le patient doit être orienté vers un médecin homéopathique pour établir un traitement de fond en cas d’otites récurrentes.
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