Ce n’est plus de la science-fiction. Pathologies respiratoires, maladies cardio-vasculaires et parasitaires, allergies, antibiorésistance et nouveaux virus surviendront dans le dégel du Permafrost, le recul des glaciers ou encore l’extension des zones de sécheresse. Le combat auquel se livrent actuellement à Paris les représentants de 150 pays est double : il s’agit de contenir la hausse de la température à deux degrés, et par là même, les effets environnementaux sur la santé.
Les grandes organisations mondiales, OMS en tête, ont conjuré les participants de la COP21 à ne pas négliger les risques de santé publique induits par le réchauffement climatique. Car, selon les projections, d’ici à quinze ans, le phénomène frapperait chaque année une population équivalente à celle d’une ville comme Montpellier.
De nouveaux biotopes
Au rang de ces tributs humains, l’OMS estime à 38 000 le nombre de personnes qui ne résisteront pas au stress thermique des vagues fréquentes et intenses de chaleur. Conséquences des nombreuses inondations, les maladies à transmission hydrique provoqueront chaque année 48 000 cas mortels supplémentaires de diarrhées, 60 000 autres par paludisme, sans compter les épidémies de choléra. Cet environnement modifié créera un biotope particulièrement propice à la prolifération d’insectes et de gastéropodes vecteurs de maladies comme la schistosomiase. Cette maladie tropicale, seconde infection parasitaire après le paludisme, connaîtra ainsi en Chine une expansion géographique au gré de la modification des saisons.
Les déplacements de population fuyant les sécheresses augmenteront eux aussi les risques de maladies à transmission vectorielle. En mars dernier, le LEEM, (les entreprises du médicament) avait déjà alerté sur les risques de « mondialisation » des virus par la conjugaison « de l’urbanisation galopante, du changement climatique, de la pollution et de la déforestation ». Le scénario est déjà en marche. Selon les experts, la résurgence du virus Ebola serait ainsi due à la déforestation intensive du Liberia, qui a elle-même entraîné le déplacement des chauves-souris porteuses du virus vers les zones habitées.
Une menace venue du ciel
Il ne faut toutefois pas aller aussi loin pour pister les risques environnementaux sur la santé. Car si le plus gros désastre prévu reste la mort programmée de 95 000 enfants sous-alimentés par an, l’hémisphère Nord n’échappe pas à toutes les menaces. L’intensification des polluants aériens (particules fines comprises) sera à l’origine d’épidémies de bronchiolites dont la recrudescence marque déjà des signes avant-coureurs à en croire des données récentes de l’Institut de veille sanitaire (InVS).
De son côté, la teneur de l’air en ozone exacerbera les maladies cardio-vasculaires ainsi que la concentration de pollen déjà responsable de crises d’asthme chez 300 millions de personnes dans le monde. De plus, deux degrés supplémentaires suffiront pour aggraver, via le rayonnement solaire, la prévalence des mélanomes cutanés.
Résilience
Si ces scénarios catastrophe ne suffisent pas à faire plier les décideurs de la COP21, sans doute faudra-t-il leur présenter la facture de ces dommages sur la santé évaluée entre 2 et 4 milliards d’euros par an d’ici à 2030. Car le réchauffement climatique n’a pas seulement un coût humain, il fera aussi vaciller les profits acquis en matière de santé au cours de la deuxième moitié du XXe siècle. Et bouleversera la donne de systèmes de santé conçus pour un climat stable, relève un rapport publié par l’OMS au printemps dernier. L’entité onusienne n’en pointe pas moins les capacités de résilience de ces mêmes systèmes de santé et d’adaptation des professionnels de santé aux nouveaux enjeux. Car si le secteur de la santé est lui-même à l’origine de gaz à effet de serre (40 % des émissions du service public britannique proviennent du Service national de santé), il est le premier à détenir les clés d’une protection des populations contre ces nouveaux dangers. « L’adaptation a certainement des limites mais une grande partie des effets sanitaires peut être évitée ou combattus par des interventions au niveau de la santé publique et des services de santé », affirme l’OMS. Éducation, surveillance des maladies, hygiène, mais aussi lutte contre les moustiques et vaccination font partie de l’arsenal pour contrer les effets du réchauffement climatique. Encore faut-il qu’ils soient précédés de décisions politiques fortes. Aussi, le Dr Maria Neira, directrice du département santé publique et environnement à l’OMS, prévient de manière intraitable les participants de la COP21 : « Si l’accord signé est bon, il sera sans aucun doute l’accord le plus important du siècle en matière de santé publique. »
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