« Ces résultats confirment ainsi les données de l'étude HPTN 052 publiée en 2011, qui a instauré le traitement comme outil de prévention (Tasp) », indique au « Quotidien » le Pr Gilles Pialoux, infectiologue à l’hôpital Tenon (AP-HP), dont le service est centre investigateur de l’étude PARTNER. PARTNER est une étude observationnelle multicentrique (75 centres de 14 pays européens). Les couples inclus ont rapporté des relations sexuelles non protégées, et les partenaires séropositifs présentaient une charge virale inférieure à 200 copies/ml.
La première phase de l'étude a inclus 548 couples hétérosexuels et 340 couples homosexuels sérodifférents entre 2010 et 2014. Les premiers résultats ont été présentés en 2014 lors de la Conférence internationale sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) : aucune transmission n'a été constatée sur plus de 44 000 relations sexuelles sans préservatif. PARTNER1 a ainsi montré que le risque de transmission était nul majoritairement chez les couples hétérosexuels. Toutefois, le nombre de couples n'était pas assez élevé pour affirmer ce résultat dans la population homosexuelle.
« Nous craignions que les résultats obtenus chez les hétérosexuels ne soient pas transposables à la population homosexuelle, en raison des possibles prises de risques plus importantes : partenaires multiples, plus d'infections sexuellement transmissibles (IST), pratique du chemsex… », précise le Pr Pialoux.
Pas d'effet des autres IST
La deuxième phase de l'étude a donc été poursuivie jusqu'à 2018 auprès de 782 couples homosexuels, avec un suivi médian de 1 an. Au total, 76 088 rapports anaux non protégés ont été rapportés. Aucune transmission n'a été constatée au sein des couples. « L'étude montre aussi l'absence de transmission quel que soit le mode de rapport sexuel », explique le Pr Pialoux, ajoutant que les intervalles de confiance sont bons.
Par ailleurs, 27 % des séropositifs présentaient une IST autre que le VIH, et 24 % des séronégatifs. « La puissance du Tasp est telle que les IST, qui ont un impact favorisant sur la transmissibilité du VIH, n'ont là pas d'effet sur la transmission », résume l'infectiologue.
Parmi les hommes séronégatifs à l'inclusion, 15 ont toutefois été infectés par le virus au cours du suivi. « À partir des arbres phylogénétiques du virus et en comparant les séquences virales, les chercheurs ont montré que la transmission ne s'est pas faite au sein du couple, mais via un autre partenaire », explique le Pr Pialoux. En effet, 37 % des hommes initialement séronégatifs ont indiqué avoir des rapports avec d'autres partenaires et 4 % ont déclaré avoir eu un usage de drogue par injection.
« Cette étude apporte une nouvelle preuve indiscutable de l'efficacité du traitement comme moyen de prévention et devrait nous aider à faire passer le message auprès des patients, mais aussi des médecins, conclut l'infectiologue. La politique U = U doit néanmoins être accompagnée d'une politique de santé sexuelle adaptée aux pratiques de chacun. »
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