En 2009, l’AFSSAPS a retiré du marché certains allergènes utilisés dans le diagnostic ou la thérapeutique. Depuis janvier 2011 est mise à la disposition des allergologues une nouvelle forme d’administration en comprimés, uniquement utilisée dans l’indication de la pollinose aux graminées. L’instauration de la désensibilisation s’effectue toujours après avoir obtenu la preuve de la concordance entre la symptomatologie saisonnière et le résultat des tests cutanés.
Symptomatologie
Chaque année à la même époque, les allergiques aux pollens de graminées souffrent d’éternuements, d’une rhinorrhée, d’un prurit associé la plupart du temps à une conjonctivite allergique et à des symptômes respiratoires à type d’asthme ou d’équivalents asthmatiques : toux, sifflements pulmonaires ou dyspnée.
Le bilan allergologique permet, au moyen de tests cutanés en pricks, de spécifier les familles polliniques responsables ; le dosage des différents allergènes recombinants de phléole permet de distinguer la sensibilisation de l’allergie vraie.
Des allergies alimentaires croisées
Les allergies alimentaires croisées avec les pollens de graminées sont possibles en raison d’homologies allergéniques protéiques. Il s’agit en particulier de l’arachide, de la tomate, du melon, de la pastèque, du piment, de l’aubergine et du poivron. Ces allergies croisées ne sont pas systématiques mais doivent être recherchées lors de l’interrogatoire et du bilan allergologique.
Une autre précaution est également à prendre chez les allergiques aux pollens de graminées. Il s’agit de certaines préparations à base de pelotes de pollens proposées en pharmacie ou en herboristerie pour leurs qualités « énergisantes ». Elles peuvent être à l’origine de poussée urticarienne, d’œdème ou de choc anaphylactique après ingestion. Le même phénomène peut être observé lors de la consommation de certains miels ou gelées royales préparés à base de pollens de graminées (10 g de miel peuvent contenir 10?000 grains de pollens).
Un traitement symptomatique pré- et cosaisonnier
Le traitement préventif s’appuie sur la prise d’antihistaminiques, plusieurs semaines avant la date présumée de floraison. Ce traitement est à poursuivre tout au long de la saison concernée et adapté en fonction des symptômes observés : conjonctivite, rhinite ou asthme. La corticothérapie orale en cure courte est indiquée en cas de pic pollinique important entraînant une symptomatologie très invalidante. Par contre, l’injection d’un corticoïde retard n’a aucune place dans le traitement préventif d’une rhinite estivale. Le risque d’effets secondaires en raison d’une utilisation à long terme durant plusieurs saisons est trop important.
La désensibilisation spécifique
Depuis janvier 2011, un nouveau mode d’administration par comprimé s’est ajouté aux deux autres systèmes d’immunothérapie spécifique existant jusqu’alors (injectable et sublinguale).
– Voie injectable sous-cutanée.
La phase de progression des doses et des concentrations est débutée, à raison d’une injection par semaine, dès la fin de l’année précédant la saison pollinique. La dose d’entretien est effectuée ensuite une fois par mois pendant trois à cinq ans. Ces doses d’entretien doivent être diminuées de moitié durant la saison pollinique. Les injections sous-cutanées sont obligatoirement réalisées selon le protocole préconisé par la commission tripartite : au cabinet médical avec une surveillance postinjection de 30 min en respectant les indications et les contre-indications. La dose injectée est adaptée en fonction de l’état clinique du patient, de son débit de pointe (en cas d’asthme associé), le VEMS devant toujours être supérieure à 70 % de la valeur théorique.
– Technique sublinguale par extrait allergénique en gouttes.
Le traitement doit être commencé classiquement au début de l’année de la saison concernée et se prolonge durant environ six mois. Le même protocole est répété durant trois à cinq ans. Les gouttes doivent être prises à jeun. Les doses sont conservées durant 2 min sous la langue pour être ensuite avalées. Les protocoles actuellement utilisés sont des protocoles rapides à concentration d’initialisation à 10 IR, puis d’entretien à 300 IR de 5 graminées. D’autres mélanges graminées et céréales sont mis à la disposition des allergologues.
– Technique sublinguale par comprimé.
Depuis janvier 2011, un extrait allergénique standardisé de pollens de phléole (graminée principale) est mis à la disposition des praticiens sous forme de lyophilisat oral. Le schéma thérapeutique est un peu différent des autres techniques : le traitement est débuté au moins quatre mois avant la saison pour être continué pendant la saison concernée. Il n’est pas nécessaire d’être à jeun pour prendre ce comprimé par voie sublinguale, mais indispensable d’attendre 5 min après la prise avant de s’alimenter. La concentration de la phléole est de 300 IR. Une condition est primordiale : la première prise doit toujours être réalisée au cabinet médical avec une surveillance de 30 min. Comme les deux autres modes, cette technique nécessite d’être renouvelée au moins trois ans de suite selon le même schéma thérapeutique.
Ces trois modes de désensibilisation ont leur place dans le traitement de la pollinose aux graminées après un bilan allergologique bien suivi, la pose d’une indication adéquate, le respect des contre-indications (enfant de moins de 5 ans, épisode allergique ou asthmatique aigu, etc.) et du mode de prise. La gestion financière de la désensibilisation peut également entrer en ligne de compte, les différentes techniques n’ayant actuellement pas toutes le même pourcentage de remboursement.
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Françoise Amouroux
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