Une étude parue dans « Nature Communications » présente des modifications épigénétiques héritables qui pourraient altérer le risque de cancer du sein des femmes.
Les chercheurs australiens de l’université de Melbourne rappellent que parmi les femmes qui subissent un testing génétique du fait de cas multiples de cancers du sein dans leur famille, seulement 20 % environ sont identifiées comme porteuses d’une mutation de prédisposition (type BRCA1/2). « Pour la majorité des femmes qui font un testing génétique, il n’y a pas d’explication à leur prédisposition », regrette le Pr Melissa Southey, qui a conduit les recherches. L’équipe a donc réalisé une recherche de modifications épigénétiques pouvant être impliquées. Elle a pour cela inclus 210 personnes (87 avec cancer du sein, 123 contrôles) appartenant à 25 familles où étaient observés des cas multiples de cancers du sein mais ne présentant pas de mutation des gènes de prédisposition. Ces modifications, telles qu’une méthylation de l’ADN, peuvent modifier l’ADN sans en changer la séquence, et se transmettre d’une génération à l’autre.
Ils ont analysé les profils de méthylation de l’ADN à l’aide du dispositif Infinium Human Methylation 450 et développé et appliqué une méthode statistique pour identifier les profils de méthylation héritables. Une analyse de ségrégation leur a permis d’identifier celles associées au cancer du sein. Les auteurs estiment que ce travail pourrait fournir de nouvelles opportunités pour améliorer la précision des modèles actuels de prédiction du risque, et pour le développement de stratégies thérapeutiques ciblant les facteurs de risque épigénétiques.
Des résultats à tempérer
Mais il ne s’agit encore que de résultats très préliminaires. Le Pr Dominique Stoppa-Lyonnet, chef du service de génétique oncologique de l'Institut Curie, estime qu’il s’agit d’une approche originale et séduisante, mais qu’on parle bien ici de susceptibilité et pas de prédisposition. « Ces recherches doivent être poursuivies mais elles n’auront pas d’application immédiate », indique-t-elle au « Quotidien ». « Ce qui est séduisant dans l’épigénétique, c’est le possible rôle de l’environnement, et donc le fait que l’on pourrait influer sur lui. Mais les mutations génétiques peuvent aussi être favorisées par une exposition mutagène » (venant donc de l’environnement, N.D.L.R.). Par ailleurs, « il existe sans doute d’autres gènes de prédisposition qu’on n’a pas encore identifiés », poursuit le Pr Stoppa-Lyonnet, qui souligne que « si l’histoire familiale d’une femme non porteuse de mutation est sévère et selon les caractéristiques tumorales, entre autres, on peut suivre cette femme comme si elle était porteuse de mutation. »
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques