Avec plus de 433 000 nouveaux cas en 2023, l’incidence des cancers en France a doublé depuis 1990 (+98 % chez les hommes, +104 % chez les femmes). Le vieillissement d’une population toujours plus nombreuse explique 78 % de cette évolution chez les hommes, et 57 % chez les femmes. Mais au-delà de ce paramètre prévisible, les changements dans les facteurs de risque de cancer jouent pour 20 % de la hausse de l’incidence chez les hommes, et pour près de la moitié (47 %) chez les femmes. « La mobilisation nationale incarnée par la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 est plus que jamais nécessaire pour augmenter l’impact de nos actions et réduire le poids du cancer dans notre pays », commentent le président de l’Institut national du cancer (Inca), le Pr Norbert Ifrah, et son directeur général Thierry Breton, dans l’éditorial de la 4e édition du panorama français.
La consommation de tabac, débutée dans les années 1970-1980 chez les femmes est aujourd’hui la conséquence majeure de ces cancers
Inca
Même si le cancer est toujours la première cause de décès chez les hommes, l’Inca observe des résultats encourageants, avec une diminution ou stabilité des localisations les plus fréquentes depuis 1990 (prostate, 59 885 cas, -1,1 % ; poumon, 33 438 cas, –0,5 % ; côlon-rectum, 26 212 cas, -0,5 %). En revanche, chez les femmes, chez qui le cancer est la deuxième cause de décès après les maladies cardiovasculaires, les taux d’incidence pour le poumon et le pancréas augmentent de façon « préoccupante » sur la période 2010-2023 (respectivement 19 339 cas, + 4,3 % par an ; 7 668 cas, + 2,1 % par an), tandis que le sein reste la première localisation (61 214 cas), suivi du côlon-rectum (21 370 cas). « La consommation de tabac, débutée dans les années 1970-1980 chez les femmes est aujourd’hui la conséquence majeure de ces cancers », explique l’Inca.
Diminution de la mortalité plus marquée chez les hommes
Le nombre de décès atteint 162 400 en 2021 dont 56 % chez l’homme (90 900 décès). Les cancers les plus meurtriers sont ceux du poumon (20 500 décès chez l’homme, 9 900 chez la femme), les cancers colorectaux (9 000 décès chez l’homme, 8 000 chez la femme), celui de la prostate (9 200 décès) et du sein pour les femmes (12 600 décès). L’évolution annuelle du taux de mortalité montre une diminution globale entre 2011 et 2021 plus marquée chez l’homme (- 2,1 % versus - 0,6 % chez la femme), grâce à des diagnostics plus précoces et des avancées thérapeutiques.
Si la survie s’améliore depuis 1990, notamment pour la prostate (survie à 5 ans de 93%, + 21 points entre 1990 et 2015), le mélanome cutané (93%, + 11 points) et le sein (88%, + 9), certaines localisations restent de mauvais pronostic, comme le poumon, le pancréas, ou encore le foie ou le système nerveux central. En cause : diagnostic tardif, localisation difficile d'accès, évolution rapide et agressive, résistance aux thérapies, manque de traitements spécifiques. L’Inca a labellisé pour une durée de 5 ans, deux premiers réseaux de recherche d’excellence, l’un dédié aux cancers du poumon, et le deuxième aux cancers du pancréas.
Près de la moitié des cancers pourrait être évitée chaque année grâce à l’arrêt du tabac, la diminution de la consommation de l’alcool, une alimentation équilibrée et variée, et une activité physique régulière
À travers ce panorama, l’Inca insiste sur l’importance de la prévention primaire pour limiter le risque de survenue du cancer. Près de la moitié pourrait être évitée chaque année grâce à l’arrêt du tabac, la diminution de la consommation de l’alcool, une alimentation équilibrée et variée, et une activité physique régulière, autant de facteurs au cœur du test grand public lancé cette rentrée. Les autorités encouragent aussi la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV) proposée dans les collèges aux élèves de cinquième.
L’importance du dépistage
L’Inca rappelle enfin l’importance du dépistage pour favoriser la détection précoce de la maladie, augmenter les chances de guérison et diminuer les séquelles. « La participation aux dépistages organisés des cancers (sein, col de l’utérus, colorectal, N.D.L.R.) demeure insuffisante à l’image du dépistage du cancer colorectal dont la participation, sur la période 2022-2023, n’est que de 34,2 % », lit-on. Le dépistage organisé du cancer du poumon par scanner à faible dose est à l’étude, avec le lancement d’un appel à candidatures pour expérimenter un programme pilote en juillet.
Plus de 6 milliards d’euros en 2022 pour les soins à l’hôpital En 2022, 7,84 millions de personnes ont été hospitalisés pour un cancer. Cela représente 6,4 milliards d’euros de dépenses hospitalières. Le nombre d’établissements autorisés est passé de 867 en 2021 à 915 en 2022. Quant aux professionnels, on dénombre 1 012 radiothérapeutes (+ 4 % par rapport à 2021) et 1 648 oncologues médicaux (+ 4 par rapport à 2021) en 2022, tandis que le nombre d’anatomopathologistes reste stable (1 671 en 2022). À côté des traitements (chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie), le recours aux nouveaux traitements d’immunothérapie spécifique continue à augmenter. En 2022, 74 631 patients ont été traités par des inhibiteurs de points de contrôle (+ 19 points par rapport à 2021) et 785 par des cellules CAR-T (+ 55 % par rapport à 2021).
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